Le catalogue de la Switch s’étoffe petit à petit. Si quelques licences majeures manquent encore à l’appel, la console de Nintendo se démarque en revanche grâce à pléthore de jeux indépendants. Édité par le studio londonien SFB Games, Tangle Towers s’ajoute à la liste desdits indés. Mais se démarque-t-il ?
Jeu testé sur Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur
How to get away with murder
Tangle Towers est un jeu d’enquête, mêlant Puzzle Game et Point’n’click. On incarne les Détectives Grimoire et Sally, chargés de résoudre l’étrange cas du meurtre de Freya Fellow. Celle-ci a été assassinée alors qu’elle était seule, en train de peindre un portrait de son amie (et membre éloignée de sa famille) qui brandit… Un couteau ensanglanté. Interrogatoires de personnages atypiques et énigmes à résoudre seront les clés pour élucider ce mystérieux meurtre. Un scenario somme toute classique mais plutôt efficace, dont l’appréciation est largement renforcée par une direction artistique très particulière. Les traits des personnages et environnements sont volontairement « grossiers » et cartoonesques, et leurs personnalités intéressantes et travaillées. Bien que l’on retrouve parfois des clichés (ado rebelle, grand père savant, aristocrate excentrique…), chacun d’entre eux détient une mentalité particulière, renforcée par un trait commun partagés par tous : le fait de vivre dans un manoir isolé, loin du monde civilisé.À cette ambiance sombre – mais jamais glauque ou malsaine – s’ajoutent des dialogues bien écrits, qui contribuent à rendre l’ensemble plutôt immersif.
Never die and retry
C’est donc au sein d’un manoir qui regroupe deux familles différentes que l’on doit récolter des indices qui nous mèneront vers le chemin de la vérité. Ce chemin dure environ 6 heures, et ne propose malheureusement que très peu (pas ?) de challenge. Le titre de SFB Games s’inspire quelque peu d’une progression façon Professeur Layton, tout en ajoutant un peu de Sherlock Holmes avec un système de déductions. A la différence de ces titres, les puzzle games ne donnent ici que trop peu de fil à retordre à vos méninges et le jeu ne s’avère absolument pas punitif. Au contraire, mauvaises déductions ou mauvais choix ne bloqueront en rien l’histoire, puisque vous n’aurez qu’à simplement recommencer sans même être sanctionné. C’est réellement dommage pour un tel jeu, où de fausses pistes et des « bad endings » auraient apporté un véritable plus à l’expérience. Pour autant, Tangle Towers n’est pas désagréable et convainc par son scénario bien ficelé. Les phases de dialogues et de découverte des protagonistes du manoir se veulent très complètes. Chaque personnage dispose de sa propre ligne de dialogue sur tous les sujets : lorsque vous présentez un élément de l’enquête, chacun vous répondra différemment et de manière unique. Un point appréciable qui rend l’ensemble très cohérent.
Seuls dans ce monde mais pourtant perpétuellement entourés
Si Tangle Towers se démarque par une histoire prenante et très bien rédigée, de petites incohérences perdurent néanmoins. En fonction de l’ordre dans lequel vous choisirez d’explorer les lieux et de mener les interrogatoires, il se peut que certains personnages n’en disent pas assez sur ce qu’ils savent, alors que l’on sait déjà qu’ils le savent. Vous saisissez l’idée. De même, le titre impose le moment et l’ordre des phases de déductions, alors que bien souvent celles-ci tombent sous le sens. Pour autant, le titre du studio londonien s’en sort avec les honneurs. Davantage pensé comme une aventure interactive plutôt que comme un véritable « jeu vidéo», Tangle Towers s’avère accessible et peut plaire à une cible assez large. A noter que le jeu est intégralement traduit en français – avec brio, je n’ai remarqué aucune faute de sens ni de syntaxe – et propose des doublages en Anglais de qualité. Ce grâce à un casting réussi, avec en guest star Amber Lee Connors (comédienne américaine spécialisée dans le doublage d’animés). Soulignons pour finir que l’ambiance sonore du jeu s’avère très réussie, avec de belles compositions du Budapest Art Orchestra. Oui, je lis les crédits des jeux.