De manière assez folle, 2019 marque une année de hype Terminator-esque. Après avoir fait son apparition dans Gears 5 et dans Mortal Kombat et en parallèle du film Dark Fate, l’alter-robot de Schwarzy s’offre son propre jeu. Le trailer de ce Terminator Resistance envoyait du pâté, reste à savoir quel goût il a.
J’y ai joué sur Xbox One X à partir d’une version fournie par l’éditeur
Résiste, prouve que tu existes
Terminator Resistance se présente comme un préquel aux deux premiers films Terminator. Au cœur d’un Los Angeles post-apocalyptique, dévasté de toute part depuis presque un mois au moment où se déroule l’histoire, on incarne Jacob Rivers, un nouveau protagoniste dans cette saga. Celui-ci est membre de la Résistance menée par John Connor – lui, vous le connaissez – et se doit donc de batailler pour maintenir cette Résistance, sauver des gens, tout en éradiquant les robots de chez Skynet. Le pitch se développe un peu plus par la suite, où l’on apprend que notre héros est particulièrement visé par Skynet. Héros contre méchants, c’est un scénar basique, qui propose quelques rencontres avec des PNJ plus ou moins sympathiques, mais trop souvent noyées dans des clichés vus et revus (frères et sœurs orphelins, vétérans de guerre, veuve) et de fait peu marquants.
Mais on n’attend pas vraiment autre chose d’un tel jeu ; en revanche, là où il doit faire fort, dans son gameplay. Après tout, c’est la guerre.
Soigner le mal par le mal, littéralement
Le studio de développement du jeu, Teyon, a voulu faire de son dernier FPS une référence, en incorporant presque tous les éléments qu’on retrouve communément dans les jeux récents. Terminator propose ainsi un arbre de compétences à améliorer, relativement basique quoiqu’axé sur deux approches, l’une frontale, l’autre en infiltration. Sauf qu’on se situe à des années lumières des références type Metal Gear ou Splinter Cell. Les compétences d’infiltration ici évoquées sont la réduction de bruit, l’apprentissage du crochetage et du piratage. Le titre offre ainsi parfois deux manières de progresser, sauf que la manière moins brutale relève de l’inutile. Murs invisibles ou impossibilité de s’accrocher à un obstacle de 30 cm de haut constituent autant de joies qui vous ôteront l’envie d’explorer les lieux pour trouver le seul petit chemin qui contourne les ennemis, très simples à tuer de toute façon. C’est bien le problème : à vouloir trop en faire et incorporer un millier d’éléments de gameplay qui fonctionnent dans d’autres jeux, Terminator Resistance fait tout mal et donne une impression de titre brouillon, bâclé.
Les lieux explorés, dans l’ensemble, se montrent plutôt intéressants – le Los Angeles dévasté reste un paysage assez saisissant – mais sont gâchés par un level design généralement mal pensé, mal foutu et ainsi insupportable. En 2019, être bloqué par des roches, camions ou autres éléments de petite taille, au sein de cartes pas tellement grandes, c’est inacceptable. Le jeu aurait-il gagné à être en monde ouvert ? Possiblement. D’autant qu’au-delà de ces niveaux frustrants, Terminator Resistance se la joue RPG, avec un système de niveaux d’expérience qui incite le joueur à effectuer les quêtes annexes et à ramasser diverses ressources. Mettre en place cela dans des niveaux fermés et pas extrêmement grands marque sûrement la plus grande erreur des Polonais du studio Teyon.
Hasta la vista, baby
Très rapidement, l’enthousiasme de la découverte laisse donc place à la déception et à l’ennui. À cause de ces niveaux peu inspirés donc, mais aussi en raison de l’ambiance sonore du jeu. Les doublages, de très mauvaise facture, parfois mal calés, parfois saturés même (c’est le cas de tous les dialogues de Jennifer, vers le premier tiers du jeu) décrédibilisent et cassent l’immersion : les personnages se coupent presque la parole, ce qui créé des situations ridicules.
De même, la bande-son du jeu déçoit par sa redondance à outrance. Au sein d’un environnement, seuls deux ou trois thèmes sont joués : celui de base, mélodieux et plutôt convaincant d’ailleurs lorsqu’on découvre ledit lieu, ainsi qu’un autre un peu plus nerveux lors des affrontements avec les robots de Skynet. Sauf que ces sons se répètent en boucle ! Dès lors qu’on dépasse le quart d’heure sur un même terrain, cela devient totalement indigeste, au point de vouloir couper le son de sa télé et de lancer sa playlist Spotify.
Plus dérangeant encore : le contenu des missions annexes – qu’il vaut mieux faire pour obtenir la meilleure fin, puisqu’il y en a plusieurs – aussi redondant qu’inintéressant. On se tape des aller-retours pour apporter des armes / objets à un tel, des jouets à l’autre orphelin dont il est question plus haut, démanteler une base en faisant péter des explosifs… Comme si cela ne suffisait pas, le titre propose aussi des phases de crochetage (façon Skyrim) et de piratage sous forme de mini-jeux, ridicules de facilité et d’inutilité. Pour le plaisir, on repassera .De même, la dimension « craft » s’avère plus pénible qu’autre chose. Si vous avez le malheur d’être à court de balles et qu’évidemment, le level design étant tellement restrictif que passer en infiltration requiert une patience que vous aurez déjà perdue à ce stade, vous n’aurez qu’à chercher des composants un peu partout, puis trouver un établi… et finalement prier pour avoir assez de stuff pour pouvoir créer des munitions, leurres ou autres.
Techniquement aussi, on n’est pas face à un titre brillant. Si globalement les phases de gunfights ne présentent pas de défauts majeurs et restent assez jouables, le jeu souffre en revanche assez fréquemment d’une latence inexplicable. Sur Xbox One X, on a clairement du 30 images / secondes et non 60 comme on nous le vend. Le tout évidemment sublimé par des décors aux textures… Gamecubesque dirais-je. À noter aussi que le boss fight principal du jeu – je ne spoilerai rien mais si vous connaissez les films, son identité coule de source – est nulissime, catastrophiquement long et ennuyeux alors qu’on s’attend à un affrontement épique, qui aurait pu sauver ce qui pouvait encore l’être. Mais non, au lieu de ça on subit une phase de course-poursuite, se concluant par un interminable jeu de cache-cache. Ce qui me permet d’aborder l’IA du titre, aussi inégale que les performances de l’OL en Ligue 1. Sans qu’on sache trop pourquoi, elle alterne entre le brillant (oui oui, limite cheatée) et la débilité profonde. Il m’est arrivé de terminer un niveau, où l’on doit faire toooout le chemin inverse de celui parcouru, en rushant comme un débile sous leurs détecteurs robotiques ébahis, sans pour autant subir le moindre dégât ni même me faire repérer.
Allez, tentons de finir sur une note positive. J’ai noté, vers le début du jeu, une phase d’infiltration assez sympathique, où les T-800 nous prennent en chasse alors qu’on n’a pas d’arme adéquate pour se défendre. Ces quinze minutes étaient sans nul doute les plus stressantes et réussies du jeu. Je reconnais aussi l’effort de retranscrire un Los Angeles dévasté ; techniquement, c’est raté, mais le postulat de base demeure intéressant. Dernier point positif : le jeu se termine entre 6 et 8 heures, ce qui est correct pour un titre vendu entre 20 et 30 euros. Attendez, il coûte au minimum 50 chez Amazon ? 70 chez Micromania ? On arrête là.
Je n’ai pas regardé le dernier film « Terminator », mais selon les critiques, ce long-métrage est un flop. « Terminator Resistance » est également nul comme jeu. L’histoire n’est pas captivante.