Le 20 Aout 2013 sort sur consoles et PC Saints Row IV, un jeu totalement barré qui se décomplexe totalement de sa formule d’origine : le GTA Like. Ici le développeur Volition signe la fin définitive du réalisme et propose un mix barbare entre superpouvoir, aliens et gangster. La formule fonctionne à merveille et s’impose définitivement avec le stand alone : Gat out of hell. Depuis, silence radio, jusqu’au jour ou Volition studio reprend la parole pour annoncer le retour en fanfare de sa licence avec un reboot de la série. Fin des super pouvoirs, fin de la folie qui caractérisait pourtant à merveille les précédents opus. Le studio fait table rase du passé et tente une nouvelle entrée par la grande porte, le tout en misant sur un retour du réalisme. Pour un résultat pas forcément à la hauteur…
Jeu testé sur PS5 à partir d’une version fournie par l’éditeur
Le retour des Saints
Saints Row est donc un reboot. Et qui dit reboot dit aussi nouveaux personnages et nouvelle histoire. Exit donc le quatuor des anciens opus, ici on va faire connaissance avec Elli, Kevin, Neenah et pour finir, notre boss, un sans-nom qu’il faudra configurer de A à Z par le biais d’un éditeur de personnage, sûrement le plus abouti de la série. Une habitude pour les fans de la franchise, car le jeu impose au joueur de se forger son propre personnage même si des modèles de bases prédéfinis restent présents.
Une fois les bases posées, il est grand temps de découvrir les tenants et aboutissants du jeu et surtout ce qui va provoquer la rébellion de cette équipe de jeunes qui ont du mal à joindre les deux bouts. Soyons francs, l’histoire est loin d’être réussie, les motivations qui poussent le groupe à fonder les Saints sont ridicules et tout n’est là que pour pousser le joueur à poncer en long en large et en travers les divers quartiers pour devenir les boss de la ville. Il est bon de noter que ce reboot laisse aussi de côté tout ce qui faisait le charme de la licence. Ici, le scénario est « réaliste » et ne dérape pour ainsi dire jamais. Le tout saupoudré parfois de dialogues très sérieux qui hélas peinent à convaincre, non Saints Row dans son édition 2022 n’est pas parvenu à nous séduire avec son histoire et ses enjeux.
Dans Saints Row, le fun ne suffit pas
La grande force de la licence a toujours été de pousser le jeu toujours plus loin dans le what the fuck total. Dans Saints Row, en dehors de quelques missions où l’on sort un peu de l’ordinaire, tout est plat, pas drôle et même pas très agréable à jouer. Entendons-nous bien, le gameplay du jeu est correct, les commandes répondent bien et l’inertie globale est assez réussie mais dans les faits, le gameplay ne parvient pas à sauver le jeu du naufrage.
La principale faute venant des objectifs principaux inintéressants au possible. Qui a vraiment envie de se farcir plusieurs fois des missions similaires ? Qui a envie de parcourir la ville en véhicule tout en tractant des objets de collection ? Saints Row manque cruellement d’ambition dans ses missions et ce n’est malheureusement pas son seul défaut. C’est simple, jamais le jeu ne parvient à retenir notre attention devant l’écran, jamais l’histoire ne surprend et jamais les missions ne parviennent à égaler celles des anciens opus.
La Xbox 360 toujours en forme
Je vous accorde le troll de l’intertitre, mais il faut aussi voir Saints Row tourner pour comprendre. Dans sa mouture PlayStation 5 le jeu fait peine à voir, le seul moyen d’arriver à avoir un jeu sans ralentissement est de jouer avec le mode 1080p avec la fréquence d’image au maximum. Oui 1080p, en 2022, sur une PS5, avec un jeu qui visuellement fait moins bien que GTA V dans sa mouture PlayStation 3…Sortie en 2013, soit la même année que Saints Row IV. Pire encore, le jeu ne parvient pas à faire mieux que la version remasterisée de Saints Row The Third sortit en 2020 sur PS5 et Xbox Series X/S. Les textures sont floues, le clipping omniprésent, sans oublier l’affichage extrêmement tardif des éléments du décor comme les arbres, véhicules ou piétons. Encore que Saints Row doit cumuler sur sa map entière autant de piétons que dans un quartier de GTA V ou Watch_Dogs 3, c’est dire à quel point le monde qui nous entoure manque cruellement de vie.
Cependant, le rendu graphique reste secondaire dans l’expérience proposée par un jeu vidéo, si elle facilite l’immersion, elle n’est pas indispensable pour prendre du plaisir. Là où Saints Row rencontre un sérieux problème, c’est que si le rendu graphique est ultra décevant, le jeu cumule un nombre incalculable de bugs en tous genres : Crash, freeze, bug de collision, bug de quêtes, sauvegarde qui ne s’effectue pas, scripts bloqués etc. Il est bon de rappeler que le titre devait initialement sortir en février 2022 et qu’il a subi un report de plusieurs mois afin de recevoir un coup de polish. Quand on voit le résultat final, on se demande quel type de produit aurait pu être commercialisé en février.
Évidemment le jeu risque de recevoir de nombreuses mises à jour qui amélioreront l’expérience, mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Le plus mauvais Saints Row ?
Sans aucun doute possible : oui ! De plus, on a cette impression que l’équipe de développement n’y était pas, comme si elle s’était dit : « la licence fonctionne, peu importe ses défauts, le jeu va se vendre ».
Alors le jeu tente des choses ici et là, comme le city builder intégré dans lequel le joueur doit bâtir des entreprises illégales pour ramasser plus d’argent, le tout en nettoyant les quartiers des gangs rivaux. Le souci est que ça ne fonctionne pas. On n’a pas envie de se coltiner des affrontements soporifiques avec un gameplay qui manque cruellement de sensation. La DualSense n’est pas exploitée, on ne ressent absolument rien lors des gunfights, pas plus que lors des séquences de courses-poursuites. La faute à une physique capricieuse lors des collisions qui lorsqu’elles s’accumulent avec les bugs, donne quelques séquences irréelles. Et pour un jeu qui prône un retour au réalisme, c’est cocasse. Heureusement pour celles et ceux qui tenteront d’aller au bout du jeu, l’aventure est de courte durée. Il a fallu moins de dix heures à votre serviteur pour boucler l’histoire principale et hélas, rien ne donne envie d’y revenir.