En 2011 sort sur PS3 et Xbox 360 le quatrième et hélas dernier opus de la licence Top Spin. Simulation ultime de tennis pour les puristes, Top Spin 4 reste encore aujourd’hui la référence absolue. Si on note que certains jeux de tennis sortis entre temps proposent quelques bonnes idées (AO Tennis 2 et Tennis World Tour 2), la relève n’est hélas pas encore assurée. Avec pour ambition de sortir le jeu de tennis le plus immersif possible, les développeurs australiens de chez Torus Games nous livrent Matchpoint Tennis Championships. Nouvelle licence dans le monde des simulations de tennis, reste à voir si le jeu a le dos suffisamment solide pour supporter l’ambition de ses créateurs.
Jeu testé sur PC et PS5 à partir d’une version fournie par l’éditeur
2011 semble si loin…
Le lancement de Matchpoint se fait par le biais d’une cinématique aux animations et à la réalisation chatoyante. Il s’agit ni plus ni moins que du trailer d’annonce, qui promettait quelque chose d’assez carré d’un point de vue technique. Cependant, comme le veut désormais la traditionnelle malédiction des jeux de tennis, Matchpoint ne déroge pas à la règle. Le rendu visuel est terne, tout est plat, sans vie, accouplé à des animations ratées et une ambiance sonore terriblement monotone. Il ne faut pas plus de quelques échanges pour se rendre compte que non, Matchpoint ne sera pas le nouveau Top Spin et que, pire encore, il est probablement le plus mauvais jeu de tennis réaliste sorti depuis 2011.
Visuellement on note une nonchalance totale sur la modélisation des joueurs et joueuses. C’est simple, on ne reconnait pour ainsi dire, personne. Même Nick Kyrgios, pourtant présent sur la jaquette du jeu, est méconnaissable. Il ne faut évidemment pas compter non plus sur des animations spécifiques, tous les joueurs du jeu ont la même morphologie et les mêmes animations. On souligne aussi le fait que les courts ne subissent pas de traces d’usure au fil des rencontres, la terre battue restera par exemple parfaitement ratissée même après un match de 5 sets. Si techniquement le jeu est très en retard, se rattrape-t-il sur son gameplay ?
Matchpoint : un bon jeu de tennis ?
Dans les faits, le gameplay proposé par Torus Games n’est pas mauvais, l’idée de reprendre le système de visée d’AO Tennis 2 non plus. Le problème se situe dans l’équilibrage du jeu, c’est bien simple, les échanges sont totalement irréalistes. Le jeu prône l’expérience immersive, mais une fois sur le court, force est de constater qu’on en est loin. Tout va trop vite, tout part trop fort, chaque coup traverse le court à une vitesse qui ferait rougir Echizen Ryoma du manga Prince Of Tennis. Et comme souligné plus haut, les animations n’arrangent en rien la sensation de jouer à un jeu qui se cherche totalement dans sa vision de la discipline.
Matchpoint propose trois niveaux de difficulté. Quel que soit le niveau choisi, il ne faudra pas plus de deux heures pour comprendre les failles de l’IA et exploiter le tout jusqu’à plus soif. C’est bien simple, l’intelligence artificielle se contente du strict minimum, et reste trop prévisible. À titre d’exemple, elle se place toujours mal un service sur deux, laissant au joueur la possibilité de placer un ace une fois sans le moindre souci. Le trophée « réalisez 100 aces » est tombé naturellement au bout de quelques minutes, c’est dire à quel point l’IA manque le virage sur ce point.
Et encore, ce n’est là que la face cachée de l’iceberg, l’IA réagit mal sur les frappes croisées, qui font, quasi systématiquement mouche. Pourtant ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent, comme le fait d’avoir la possibilité de découvrir les points forts et faibles de l’adversaire pendant une rencontre. Mais dans les faits ça ne fonctionne pas, ou très mal. On pourrait se dire qu’il suffit alors de jouer en multi afin de prendre plus de plaisir, hélas ce n’est pas aussi simple que ça.
Le mode en ligne à l’image du reste
Bien qu’il soit possible d’y jouer à deux en local (et deux joueurs uniquement, le titre ne propose pas de rencontre en double), le mode en ligne est aussi disponible. Saluons l’effort de proposer le crossplay, ce sera cependant le seul et unique compliment sur le mode en ligne de Matchpoint. Non seulement la pauvreté des modes en ligne ne pousse absolument pas le joueur à y revenir, mais les failles du gameplay y sont aussi présentes, en résulte des matchs qui ne ressemblent, n’ayons pas peur des mots, à rien. Tout va bien trop vite, et les retours croisés sont quasi imparables, et dans la mesure où ils octroient facilement des points, les joueurs en lignes en abusent. Le tout couplé à un netcode plus que limite qui provoque par exemple une grosse latence dans le système de visée. On a tout de suite moins envie de s’y investir et vu que le contenu du mode solo est assez sec, difficile de donner envie de jouer à Matchpoint de longues heures durant.
Un contenu rachitique
Puisqu’on aborde le sujet des modes de jeu, n’y allons pas par quatre chemins, il est possible de jouer le mode carrière, le mode exhibition, l’entrainement et… C’est tout. Pas de tournois personnalisés, pas de match en double, le tout est ponctué par un cruel manque de licence, aucun tournois majeur n’est présent, pas plus que de court officiel. Matchpoint fait l’effort de proposer 16 joueurs/joueuses sous licence, mais il manque des grands noms comme Nadal, Djokovic, Tsitsipas ect…Bien qu’on y retrouve deux légendes : Tim Henman et Tomy Hass (hélas pas les plus connues) qui sont proposés sous forme de DLC payant ou directement inclus dans l’édition légende du titre.On peut aisément comprendre les restrictions budgétaires liées à l’achat de licence, mais pour un produit proposé à 49.99€ sur console c’est tout de suite plus délicat (d’autant plus que la concurrence propose nettement plus de mode de jeux et de licences le tout dans une marge de prix similaire).
Une ambiance en DLC
Toute proportion gardée, on ne comprend pas comment il est possible de proposer une ambiance aussi pauvre dans un jeu de tennis en 2022. Le public ne réagit pas, on distingue au mieu quelques applaudissements ici et là lors des points marqués. Le même type d’applaudissement qu’on pourrait entendre lors d’un match de tennis amateur joué un dimanche à 6 heures du matin. Les annonceurs ne sont pas en reste, ils se contentent du strict minimum, les ramasseurs de balles au filet n’existent pas, pas plus que la réaction des juges de fond de court.
Tout porte à croire que Torus Games a tout misé sur son gameplay au détriment du reste, ce qui ne serait, soyons francs, pas un problème si le jeu était plaisant à jouer mais c’est hélas loin d’être le cas. Au final, les rencontres se suivent et se ressemblent toutes, le mode carrière propose un semblant de réalisme dans la gestion du calendrier, mais se perd totalement sur le reste. Par exemple, notre classement n’influe pas sur les phases de qualifications en tournois majeurs. Même en étant très bien classé, il est obligatoire, lors de chaque tournois, de jouer un match de qualification.
Par ailleurs, il n’est pas possible de modifier le nombre de sets ou de jeux en mode carrière, bien que le jeu propose la possibilité de sauvegarder en pleine rencontre, la durée de match devient rapidement problématique sur les tournois majeurs, comme le Grand master de France (Roland Garros).