Ça faisait longtemps que je n’avais pas parlé de foot sur le blog. Surtout qu’il s’en passe des choses ces derniers temps avec le PSG qui finit timidement à la troisième place du podium pour la trêve hivernale ou le Real qui vient de gagner son premier titre de champion du monde des clubs. Mais aujourd’hui, je tenais à vous faire part de mes impressions sur Dieu Football Club. Un ouvrage traitant de la religion dans le milieu du ballon rond. Un sujet délicat, mais ô combien fascinant.
Qui n’a jamais vu un joueur faire un signe de croix avant de fouler la pelouse ou un autre remercier son dieu, paumes levées vers le ciel, après avoir glissé le ballon au fond des filets ? Personne j’imagine. A vrai dire, aussi loin que remontent mes souvenirs, il n’y a pas un match où je n’ai pas vu un signe religieux quelle que soit sa forme. Cependant, je ne m’étais jamais posé la question quant à l’impact que peut avoir la pratique d’une religion au sein d’un groupe, d’un club ou même de toute une fédération. Et ça tombe bien puisque Dieu Football Club donne de nombreux éléments de réponse en décrivant comment la religion s’est immiscée dans le foot. Et par là, n’imaginez pas que le livre ne s’intéresse qu’aux mauvais côtés de la religion avec le christianisme et l’islam en tête de gondole. Si les deux principales religions sont bien évidemment les plus souvent citées, l’auteur, Nicolas Vilas, a pris le soin de balayer un maximum d’horizons avec le Judaïsme, le bouddhisme et même le mormonisme. Oui, oui, les joueurs mormons, ça existe aussi. Le livre aborde ainsi de nombreux thèmes comme le prosélytisme de certains joueurs, notamment les sud-américains, la gestion du ramadan, l’épineuse question de la reconversion, l’origine historique de certains clubs et les rivalités qui en découlent, mais aussi, et surtout, les nombreux bienfaits que peut avoir la pratique d’une religion chez les joueurs, entraîneurs et même dirigeants. Aussi, l’ouvrage est entrecoupé d’interviews de nombreuses personnalités du foot comme Pape Diouf, Helena Costa, Abou Diaby ou encore José Anigo. Chacun expliquant sa vision de la religion dans le foot, mais aussi dans la société.
Si j’ai particulièrement apprécié Dieu Football Club, c’est aussi à cause de l’étrange proximité que j’ai avec l’auteur. Pour tout vous dire, à une dizaine de kilomètres près, j’aurais très bien pu écrire la même préface que lui. Même année de naissance, même département, même origine et même sensibilité, dans ses grandes lignes, autour de la religion. Mais au-delà de ça, si vous êtes un amoureux de football et que la question de la religion vous a toujours intéressée, il est assez difficile d’être déçu par le bouquin. Car en plus de traiter un large panel de thématiques, c’est plutôt bien écris et l’auteur ne s’encombre pas d’effets de style prétentieux ou d’affreuses longueurs comme aiment en abuser certains journalistes de la scène jeu vidéo. Et ils sont nombreux les bougres. Néanmoins, comme je suis un éternel insatisfait, tout n’est pas parfait dans Dieu Football Club. A commencer par une structure un peu trop hachée qui, si elle s’adapte bien à la lecture dans les transports, pourrait pénaliser les longues lectures au coin du feu avec une belle peau de bête sur les épaules. Surtout que les premiers paragraphes s’attardent sur l’historique de nombreux clubs avec un enchaînement de dates qui embrouillent plus qu’elles n’instruisent. Enfin, si le bouquin est un vivier d’informations et qu’on a constamment cette agréable sensation d’apprendre des choses, à aucun moment on ne se sent véritablement questionné sur les différents sujets abordés. Je pense qu’il manque un angle ou alors, pourquoi pas, une prise de position forte et argumentée qui mènerait à un éventuel débat. Il est vrai que la religion est un sujet compliqué, presque tabou et que ce n’est pas le but premier du livre qui se veut avant tout didactique et objectif. Mais il y a de quoi sentir comme une très légère frustration après la lecture des dernières pages où l’auteur se livre un peu plus, lançant au passage quelques pistes de réflexion. Comme si, finalement, il manquait un petit quelque chose.
Difficile de ne pas vous recommander Dieu Football Club. En plus d’être un vivier d’informations, le livre est bourré d’anecdotes et traite un sujet intéressant, mais particulièrement sensible, sans jamais faire dans le putassier ou sombrer dans l’amalgame. Après pas moins de trois ans de travail et d’enquêtes, on ressent pages après pages que Nicolas Vilas maitrise son sujet sur le bout des ongles et il le retransmet magnifiquement bien. Si vous avez un cadeau de dernière minute à faire pour Noël, Dieu Football Club a tout ce qu’il faut pour faire l’affaire.
Merci pour ce billet, c’est vrai que j’écoute parfois l’after foot où Nicolas Villas est parfois chroniqueur.
Le personnage à l’air sympa et j’avais entendu parler de son livre. Ton billet m’a donné envie d’en savoir plus et j’irai peut être l’acheter en occaz.
Au passage, bon courage pour tes résolutions 2015 ! Ecrire ça demande du temps et de la motivation.. 😉