Loin du sourire Colgate de Captain America, Deadpool est l’exemple parfait de l’antihéros qui n’a strictement rien à foutre des conventions. Et il suffit d’une poignée de secondes en sa compagnie pour en devenir totalement accro.
Synopsis
Deadpool, est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. A l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.
Cœur avec les doigts
Je ne vais pas tourner autour du pot avec vous très longtemps : J’ai adoré Deadpool. Quand le générique de fin s’est mis à défiler, je souriais bêtement sans trop savoir pourquoi. Et il ne faut pas être sortir de Saint Cyr ou de la première école pour prétentieux friqués pour prendre ça comme une preuve quasi irréfutable d’avoir passé un agréable moment. Quand la salle est sortie de son obscurité, il m’a suffi d’un rapide coup d’œil autour de moi pour m’assurer que je n’étais pas le seul à penser la même chose. Avec du recul, j’en viens même à me demander s’il y avait ne serait-ce qu’une seule personne à ne pas avoir apprécié le film dans la salle. Pourquoi ? Parce que Deadpool est ce que j’aime appeler un putain de bon film. Presque deux heures d’un mélange détonant d’action, d’humour et de violence exacerbée. Si je considérais jusqu’ici Les gardiens de la galaxie comme mon film de “super–héros” préféré, Deadpool vient de lui souffler sa place sans même se fendre d’un simple bonjour. Même la scène post générique de fin, une vieille tradition des films de l’univers Marvel, met une branlée à tout ce que j’ai pu voir jusque-là tant elle est différente et rafraîchissante. Pourtant, Deadpool n’a rien de fondamentalement impressionnant. La réalisation est dans la droite lignée de ce que le film d’action nous offre depuis plusieurs années, la narration s’articule autour de cette vielle mécanique qu’on appelle le flahsback et le scénario est tout ce qu’il y a de plus classique pour un film qui pose les bases de son personnage. En même temps, difficile de viser l’audace quand on ne fait que raconter comment Wade Wilson est devenu un antihéros qui traque la vermine qui a foutu sa vie en l’air. La force de Deadpool n’est donc pas spécialement dans sa forme, mais plutôt dans sa grammaire, son humour noir irrésistible et dans cette formidable propension à casser les codes du film de super-héros à grands coups d’éclaboussures de cervelle entre deux bonnes punchlines.
Ce soir branlette
Deadpool n’a rien à voir avec les super-héros proprets qu’on a l’habitude de voir au cinéma et fait partie du club très fermé des marginaux. Ceux qui n’ont pas vraiment un mauvais fond, mais qui ne pensent qu’à leur gueule et ne s’encombrent d’aucune morale quand ils s’agit de passer à l’action. L’image du super-héros gentillet commençait sérieusement à peser, et il n’y a rien de mal à aller faire un petit tour du côté obscur de la force de temps à autre. Deadpool est sans cesse dans l’irrévérence, il est passé maître dans l’art de la provocation et il n’éprouve aucun remords à trancher la tête d’un ennemi pour jouer au foot avec. Le film ne se prend jamais vraiment au sérieux et joue la carte de l’autodérision avec une insolente justesse. Loin de moi l’idée de vous spoiler les répliques les plus croustillantes, mais sachez que ça taille sévère tout le long du film et que les X-Men en prennent régulièrement pour leurs grades. Et il en va de même pour Ryan Reynolds qui n’hésite pas à se tourner en ridicule en faisant de nombreuses allusions à cette infâme bouse de Green Lantern. Une expérience douloureuse qui semble lui être resté coincé en travers de la gorge. Ce qui nous amène à l’une des particularités les plus savoureuses du film. Ce fameux quatrième mur que Deadpool ne manque pas de faire tomber en s’adressant de nombreuses fois aux spectateurs. Et on ne parle pas là d’une simple petite blague ou d’un clin d’œil amical, mais d’une véritable explication de texte de ce qui se peut passer à l’écran. Ça reste bien évidemment subtil, mais c’est comme s’il était assis sur le siège d’à côté et qu’il commentait certains passages avec les mêmes références qu’on peut avoir de l’univers Marvel. Et c’est bien pour ça que malgré sa tronche d’avocat périmé, sa folle tendence à charcuter tout ce qui passe et son apparente absence de moral, Deadpool est un personnage terriblement attachant dans lequel n’importe quel geek pourra se s’identifier.
Le problème c’est les autres
Jusque-là, je pense avoir été plutôt clair sur le fait que j’ai adoré Deadpool, mais ça n’empêche pas au film d’avoir une petite ombre au tableau. Un défaut qui n’est en fait qu’un effet collatéral de l’une de ses plus grandes qualités : le charisme de son personnage principal. Deadpool monopolise tellement l’attention que les autres paraissent fatalement plus fades à côté de lui. Et si sa fiancée parvient à tirer son épingle du jeu, notamment grâce au charme ravageur de Morena Baccarin, on ne peut pas en dire autant des autres. A commencer par Colosus et Negasonic, notre joyeux duo de X-Men, qui ont un mal fou à crever l’écran. Il y a bien quelques passages plutôt cool en leur compagnie, comme cette scène sur une bretelle d’autoroute où Colosus et Deadpool s’échangent quelques politesses, mais on ne parvient jamais à s’attacher à eux. Mais ce n’est rien face au ratage complet qu’est le grand méchant du film Ajax. Une espèce de sous Channing Tatum avec un charisme d’huitre et un sourire de pervers qui ferait la sortie des écoles. Ainsi, au lieu de se retrouver avec un monstre sadique dépourvut de sensibilité qui aurait donné le change avec Deadpool, on se coltine l’ex-membre d’un boys band quelconque qui essaie de jouer au méchant dans la cour de récré. Ça ne gâche pas le film pour autant, ça lui ajoute même une dimension comique supplémentaire, mais j’aurais aimé avoir le droit à un bon gros bad guy à la hauteur de la folie qu’inspire Deadpool. Comme un Loki sous amphètes ou bien un Magneto avec un pète au casque. Le genre de délire que j’adorerais voir dans la suite de Deadpool.
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Jubilatoire | |
Si vous saviez à quel point ça fait du bien d’enfin pouvoir dire à la face du monde que j’ai adoré Deadpool. Que j’ai pris mon pied à voir voler en éclat tous les codes du film de super héros dans un mix orgasmique d’irrévérence, d’autodérision, d’humour noir et de délicieuses punchlines. Et que je trépigne d’impatience de retourner voir ce film au ciné où le seul véritable défaut est la tiédeur de son bad guy qui manque cruellement de saveur à côté du charisme de Deadpool interprété par un Ryan Reynolds en parfaite osmose avec son personnage. Et en plus de prendre la première place dans mon panthéon filmique de l’univers Marvel, Deadpool est certainement le film le plus fun et le plus déjanté que j’ai pu voir ces dernières années. |
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