Depuis que le jeu vidéo existe, massacrer du nazi est sans doute l’une des activités favorites des joueurs. Et ça tombe bien, c’est justement ce que propose Wolfenstein 2 : The New Colossus.
Qu’est-ce qui se serait passé si l’axe du bien n’avait pas triomphé lors de la Seconde Guerre mondiale et qu’Hitler et sa bande de nazis avaient fini par conquérir le monde ? Voilà sur quoi s’appuyait le pitch de l’excellent Wolfenstein : The New Order. Sans surprise, sa suite se base sur le même état de fait sauf que notre bon vieux Will Blazkowicz n’écharpe plus du nazi sur le vieux continent, mais donne un coup de main à la résistance chez l’oncle Sam pour tenter de libérer son pays natal du joug de l’oppresseur teuton. Mes souvenirs de la fin du premier volet sont assez brumeux, ça fait tout de même plus de trois ans que je l’ai terminé, mais je peux vous dire que cette suite démarre sur les chapeaux de roue à bord d’un sous-marin qu’on doit nettoyer de l’intérieur en déambulant dans les cales étroites du submersible le cul vissé sur une chaise roulante. Blazkowicz se réveille tout juste d’un long coma, ses jambes ne répondent plus et il va devoir enfiler une espèce de combinaison futuriste pour recommencer à marcher et s’adonner à son activité préférée : massacrer du nazi. S’il y aura toujours quelque chose à redire sur les qualités intrinsèques du scénario, Wolfenstein 2 est un jeu qui donne tout de même à réfléchir. Aussi bien sur les motivations de son héros que sur la réalité de la situation. On est loin de l’essai philosophique, mais le jeu est beaucoup moins bête qu’il n’y paraît même s’il va parfois dans le grand n’importe quoi avec des cinématiques surréalistes et incroyablement bien réalisées. Mais ne comptez pas sur moi pour vous les raconter, ça serait vous en gâcher toute la fraicheur.
Si le pitch de Wolfenstein 2 : The New Colossus est aussi « puissant » que celui de son prédécesseur, son gameplay l’est tout autant. D’ailleurs, il repose exactement sur les mêmes mécaniques : celles d’un FPS à la sauce old school qui répond au doigt et à l’œil, qui est aussi nerveux qu’un patient avant sa première coloscopie et qui donne cette douce et agréable sensation de dominer le monde. Il est même possible d’avoir une arme dans chaque main pour arroser de plombs les vilains nazis qui arrivent la plupart du temps par paquets de dix dans des niveaux conçus pour encourager l’affrontement frontal. S’il est toujours possible de prendre une bouffée d’oxygène dans un conduit d’aération avant de retourner dans la mêlée, jouer la défense finit la plupart du temps par un Game Over cinglant et foncer dans le tas est très souvent la meilleure des échappatoires. Surtout qu’il est possible d’arracher la jugulaire d’un troufion ou de lui fendre le crane en deux lorsqu’on se retrouve à court de munitions. Ce qui arrive finalement très rarement, mais ce qui n’empêche pas de jouer de la hachette entre deux coups de fusil à pompe. Du côté des nouveautés, après une petite pirouette scénaristique que j’ai personnellement trouvée succulente, on peut choisir une augmentation pour défoncer les murs, passer dans des passages très étroits ou encore avoir droit à des échasses mécaniques. S’il n’y a strictement rien de renversant la-dedans, ça donne un soupçon de variété à la façon d’opérer et ça donne surtout l’occasion de refaire le jeu une ou deux fois de plus. Ce qui est loin d’être une punition.
Si j’ai passé une quinzaine d’heures des plus magiques en compagnie de Wolfenstein 2 : The New Colossus, le jeu de Machine Games est loin d’être parfait pour autant. Pour commencer, j’ai eu beaucoup de mal à m’y mettre à cause d’un gameplay finalement bien trop proche du premier Wolfenstein et deux premiers niveaux loin d’être palpitants. Aussi, en reprenant les fondamentaux de son prédécesseur, le jeu conserve toutes ses qualités, mais se coltine aussi ses défauts. Déjà, il y a cette notion d’infiltration qui est aussi inutile quand bancale, mais dans les défauts je pense surtout à cette « débilité » à devoir presser sur une touche pour ramasser des munitions, des soins ou encore des pièces d’armure. Parce que comme je vous le disais un peu plus haut, on est ici dans un FPS à l’ancienne où l’on ne guérit pas en se cachant trois secondes derrière une caisse, mais en enfilant des gilets par balles et en risquant le dernier centimètre de sa barre de vie pour choper une trousse de soin dans le coin d’une pièce. L’obligation de valider les items au sol est pour moi est une erreur de game design qui peut foutre en l’air la rythmique d’un affrontent et ainsi faire naitre une certaine forme de frustration. Surtout que je le jeu est loin d’être une partie de plaisir, sauf en facile, et il y a de quoi devenir fou quand on se mange des vagues successives de nazis armés jusqu’aux dents. Comme cette horrible mission au tribunal où on est OBLIGE de liquider tous les nazillons qui s’y trouvent avant de passer à la suite. Mais si ce passage m’a fait partir me coucher bien plus tôt que prévu un soir de semaine, ce n’était rien face à la satisfaction que j’ai ressentie le lendemain soir quand j’ai enfin réussi à nettoyer de fond en comble cette saleté de salle d’audience. Et c’est justement à ça qu’on pourrait résumer Wolfenstein 2 : The New Colossus : un jeu qui te rentre dans le lard sans ménagement, mais qui t’offre le double en plaisir de jeu.