Le monde ne nous appartient plus. C’est avec cette phrase d’accroche que débute Horizon Zero Dawn. J’aurais aimé trouver quelque chose de drôle à dire sur cette sortie philosophique digne de la rédaction d’un élève de seconde en panne d’inspiration, mais je crois bien que tout a déjà été dit. Alors je vais aller à l’essentiel. Horizon Zero Dawn est un grand jeu. Du moins presque.
D’entrée de jeu, Horizon : Zero Dawn vous met des patates de forain dans les gencives avant de vous finir à grands coups de pelle façon Negan avec sa Lucille. Le titre de Guerilla n’est pas juste beau, c’est aussi, et surtout, le plus beau jeu que j’ai pu voir tourner à ce jour. Et j’annonce tout de suite pour les relous que je ne joue pas sur PC alors évitez de venir me souffler dans les bronches avec un ou deux exemples de jeux totalement inconnus au bataillon pour moi. Pour jouer la carte de la comparaison un peu facile et bien qu’il soit plus chatoyant sur de nombreux points, Uncharted 4 se fait littéralement rouler dessus lorsqu’il quitte le confort de son couloir pour s’ouvrir vers des étendues plus vastes. Car de ce côté-là, Horizon : Zero Dawn propose un monde ouvert assez dingue. Une carte gigantesque où on passe de cimes enneigées à la chaleur étouffante d’un désert rougeoyant en passant par la fraicheur d’un ruisseau qui vient couper de jolies étendues verdoyantes avant de finir en cascade qui s’écrase plusieurs centaines de mètres plus bas. Horizon est la garantie d’un dépaysement permanent peu importe l’endroit où l’on se balade sur la carte. Presque tout dans ce jeu est prétexte à abandonner la plus cruciale des missions pour s’arrêter et jouer avec le stick analogique gauche. Tout ça pour admirer la végétation qui danse au vent, un simple coucher de soleil ou poser ses yeux sur un somptueux panorama qui s’étend au loin. En fait, il est juste impossible de se promener dans ce petit monde sans jouer au moins une fois avec le mode photo, très bien foutu, pour immortaliser certains moments de grâce. Mais Horizon ne propose pas qu’une succession de cartes postales agréables à regarder, c’est aussi un monde qui grouille de vie qu’elle soit animale ou robotique. Car pour ceux qui auraient loupé un trailer ou deux, Horizon se déroule dans un futur post apocalyptique radicalement différent de ce qu’on a l’habitude de nous servir où l’espèce humaine est retournée à l’état primitif et où les machines ont grimpé au premier rang de la chaine alimentaire.
Aloy. C’est le petit nom de l’héroïne qu’on incarne dans Horizon Zero Dawn. Après avoir été mis au ban de sa tribu dès sa naissance pour avoir osé naitre sans une situation familiale stable, Aloy est confié à Rost, un autre paria qui vit reclus et à l’écart de sa tribu d’origine. Grand combattant plein de sagesse, Rost va élever Aloy comme si c’était sa propre fille et la former pour en faire une guerrière redoutable. Le jeu nous met donc dans la peau de cette jeune rouquine à qui la vie n’a pas fait de cadeau le temps de quelques séquences dans sa jeunesse pour ensuite basculer vers l’âge adulte quelques jours avant l’éclosion. Une cérémonie Nora où les plus jeunes de la tribu sont confrontés à un rite de passage pour devenir des braves et ainsi avoir l’immense honneur de protéger leurs semblables. Ce qui donne une chance à Aloy de ne plus être considéré comme un paria et d’être enfin accepté par une tribu aux mœurs aussi débiles que cruelles. Malheureusement, et comme on pouvait l’imaginer, l’éclosion ne se passe pas du tout comme prévu et les jeunes Nora se font attaquer par une faction bien décidée à liquider Aloy et tous ses petits camarades. J’évite de vous en dire plus sur le reste du scénario, qui au passage est assez bien ficelé, mais sachez juste qu’Aloy devra lever le voile sur cette attaque mystère et découvrir la vérité sur ses origines et le monde qui l’entoure.
Après une phase d’introduction qui traine un peu trop en longueur à mon gout, le jeu nous met un joli coup de pied aux fesses en nous laissant seul face à l’immensité d’une carte qui grouille de danger. Ce qui m’amène à vous parler de ce qu’Horizon a sans doute de plus beau à offrir : l’exploration de son monde. Si le jeu est jalonné de tâches, de missions annexes et de quêtes qui font avancer la trame principale, rien n’arrive à la cheville du plaisir de la découverte. Des petits moments de grâce qui peuvent rapidement nous faire oublier un objectif pour nous attirer vers un bosquet, une vallée ou un point en hauteur où des Galopeurs et des Veilleurs sont tranquillement en train de flâner. Des proies plus ou moins faciles pour gagner quelques points d’expérience et grappiller du matériel. Car pour survivre dans l’hostilité du monde d’Horizon, il est impératif de faire le plein de ressources pour ne pas se retrouver en galère contre un ou deux Dents de scie un peu trop vénères. On peut même dire que le jeu abuse de ce côté-là puisqu’on passe son temps à ramasser des plantes pour se concocter des remèdes, arracher des branches pour la confection de flèches et fouiller les carcasses des machines qu’on vient de se farcir pour récupérer différents types de ressources. Ressources qui sont bien évidemment indispensables pour l’utilisation de certaines armes ou le troc avec les marchands qu’on peut croiser. La chasse au gibier traditionnel n’est pas à négliger pour autant puisque certaines armes et objets nécessaires à la bonne évolution du périple nécessitent des peaux de bêtes ou encore des bouts de viandes à l’échange. En clair, pour ne pas se retrouver dépassé par les évènements et se mettre dans les meilleures conditions, il faut sans cesse ramasser tout ce qui traine sur le sol et penser à découvrir les nombreux feux de camp qui servent au voyage rapide sur la carte. Des activités assez rébarbatives, avec certaines missions annexes du même tonneau, qui donnent toutefois une petite bouffée d’oxygène entre deux tranches du plat de résistance d’Horizon : la chasse et les combats contre ces foutues machines.
Les quêtes mises de côté, ce sont les combats qu’on doit mener contre les nombreuses machines qui restent l’activité principale d’Horizon : Zero Dawn. Des machines très diversifiées qui ont chacune leurs propres caractéristiques avec des points forts, mais aussi des points faibles. Pour les identifier, il suffit d’utiliser le Focus, une espèce d’oreillette que trouve Aloy plus tôt dans l’aventure et qui lui permet de scanner l’environnement pour y faire apparaitre des indices, pister une trace ou encore consulter de la documentation. Après avoir scanné un ennemi, ses points faibles apparaissent en surbrillance et c’est là qu’il faut frapper en priorité pour avoir une chance de l’emporter. Mais l’attaque frontale est loin d’être la meilleure stratégie, il faut plutôt privilégier la ruse, se cacher dans les hautes herbes et attirer l’ennemi avant de s’en débarrasser d’un seul coup dévastateur. Du moins pour les humains et les machines les plus faibles, car ces carcasses robotiques ne manquent pas de répondant et il est rare de se débarrasser d’un Dent de Scie ou d’une Gueule d’Orage sans y laisser des plumes. Il faut donc attaquer chaque combat avec une stratégie et s’y tenir pour venir à bout de son ou ses adversaires le plus vite possible. De ce côté-là, Horizon propose un gameplay riche, bien pensé et surtout très agréable. Les premiers affrontements sont assez simples, mais le jeu gagne en difficulté au fur et à mesure qu’on avance dans les terres. Il faut se concocter un joli petit arsenal et veiller à ne jamais tomber en rade de certaines armes comme les flèches explosives, les grenades électriques ou les flèches enflammées. Des munitions particulièrement efficaces pour faire voler en éclats les protections et les armes des machines pour ensuite les finir à l’ancienne. On peut même récupérer les armes des machines pour les retourner contre elles et profiter d’une force de frappe dévastatrice, mais malheureusement temporaire. Mais voilà, les combats et les parties de chasse d’Horizon finissent un peu par lasser. La faute à une utilisation abusive des traditionnelles vagues d’ennemis si chères à Guerilla, une faune beaucoup trop dense et des combats qui trainent un peu trop en longueur. Le rythme de l’aventure en pâtie et l’exploration n’est pas assez palpitante pour venir contrebalancer le tout.
Horizon : Zero Dawn avait tout pour devenir un grand jeu. Un univers riche, une héroïne attachante, un gameplay chiadé et une réalisation de folie. Malheureusement, il manque au jeu une certaine forme d’équilibre, un peu plus de panache et surtout un léger souffle épique. À aucun moment je me suis vraiment senti impliqué dans l’aventure, je ne me suis jamais senti investi d’une mission et, hormis Aloy, tous les personnages rencontrés m’ont paru fades et ne m’ont pas donné envie de m’intéresser à eux. La première partie de l’aventure est limite poussive avec des quêtes pas très intéressantes qui font bêtement aller d’un point A à un point B de façon très mécanique et sur de trop longues distances. Un moment de l’aventure où le seul intérêt reste l’exploration. Un segment sur lequel Guerilla ne s’est pas du tout raté excepté peut-être la présence de ces murs invisibles qui cassent un peu le sentiment de liberté et la grimpette uniquement possible là où les développeurs l’ont choisi. Mais le rythme de l’aventure s’améliore énormément dans une seconde partie lorsque le jeu s’intéresse plus à son univers et ce qui a conduit l’humanité à s’éteindre pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Un axe que le jeu aurait gagné à approfondir plutôt que de perdre du temps avec des querelles de tribus sans grand intérêt. Mais si la seconde partie est beaucoup plus intéressante à jouer, elle se termine en eau de boudin. Pas d’un point de vue scénaristique où je trouve que les petits gars de Guerilla ont été très malins, mais sur le gameplay avec un enchaînement de séquences brouillonnes et une difficulté totalement artificielle. J’imagine que de nombreux joueurs ont pris leur pied à venir à bout des derniers boss, mais j’ai du mal à envisager ne serait-ce qu’un petit soupçon de plaisir quand on cumule plus de vingt minutes de combat non-stop sous une pluie de missiles et avec des vagues successives d’ennemis qui vous tombent sur la gueule. Personnellement, j’appelle ça de la paresse avec un cruel manque d’imagination. Dommage que le jeu termine sur une note aussi amère.
Qu’est-ce que j’ai adoré ce jeu ! C’est fou le nombre d’endroits qu’il y a à explorer. P.s Moi non plus je n’aime pas trop les jeux PC, mais il y a des exceptions. Je préfère largement les jeux flash.