Vous avez déjà entendu parler de Bertrand Grospellier, alias « Elky » ? Pas vraiment, et pourtant ce français de 36 ans installé à Londres est devenu une star internationale du poker mais aussi du milieu du jeu vidéo, notamment en Corée du Sud où il a commencé sa carrière de joueur professionnel au début des années 2000 en jouant à Starcraft.
Le parcours étrange de ce français représente bien la force de détermination et la passion obsessionnelle qui habitent les vrais gamers. Des profils comme Elky, il en existe peu. En effet, Bertrand à décidé de commencer sa carrière de joueur de jeu vidéo pro dans un pays très lointain dont il ne connaissait ni la culture, ni la langue, sans aucune garantie de réussite et encore moins d’acceptation du public et de ses adversaires.
On parle souvent du Japon, mais il faut savoir qu’en Corée du Sud les jeux vidéo sont très prisés. Il existe aujourd’hui plus de salles de jeux vidéo que de tabacs en France. Et ces fans sont pour la plupart de grands amateurs d’e-sport. En gros, comme nous avons l’habitude de voir des émissions sportives sur le foot ou le tennis, il existe chez eux des émissions très sérieuses dans lesquelles des joueurs professionnels s’affrontent pour des titres prestigieux. Les grands matchs sont souvent suivis par plus de 5 millions de spectateurs !
Au début des années 2000 avec le boom d’internet, il existait une centaine de Pro Gamers coréens, et seulement 2 occidentaux : le canadien Guillaume Patry, et le français Bertrand Grospellier alias « Elky ». Ce dernier est devenu une vraie star en Corée du sud grâce à ses résultats exceptionnels. Et je vous ai même retrouvé une partie de Starcraft qui a été diffusée au début des années 2000.
« Elky » affrontait alors « Boxer », un joueur très apprécié et avec de nombreuses groupies, mais malheureusement le frenchie n’a pas remporté la victoire. Le petit bonus de la vidéo c’est une super voix-of anglaise avec un accent coréen incompréhensible (Enfin autant que le reste pour ceux qui ne connaissent rien aux jeux de stratégie).
Mais revenons à « Elky » et au pourquoi du comment il s’est retrouvé au pays du kimchi et a marqué l’histoire de l’e-sport grâce à sa bravoure. Arrivé dans ce pays à l’âge de 21 ans, il a su se faire une place dans un milieu très fermé à l’époque. Sa passion du jeu commence avec Pacman et continue à l’adolescence sur diverses consoles. Il écume les compétitions en France, et reçoit ensuite une invitation des coréens pour participer aux jeux olympiques du jeu vidéo en Corée du Sud.
Lors de son premier championnat, il triomphe contre 400 joueurs et obtient la médaille d’argent. Il s’installe à Séoul et dispute en moyenne 2 matchs par semaine dans des grandes salles de jeu. Ces parties sont retransmises en direct à la télévision. En seulement 4 mois, Elky a réussi à apprendre les bases de la langue coréenne, et a rapidement rencontré l’amour (chose qui aide énormément pour pratiquer la langue…). Il faut dire que les groupies sont nombreuses dans ce milieu.
Pour ce qui est de Starcraft et du poker en ligne, c’est la rapidité à la souris et au clavier qui fait la différence. Le don d’ « Elky », c’est de savoir accorder les mouvements des yeux et des mains en même temps, en utilisant le mieux possible les raccourcis clavier. L’essor de l’e-sport a été d’autant plus fulgurant que ce pays a été le plus rapide au monde à généraliser l’accès rapide à internet. Les cafés internet appelés PC bangs abritent tous les profils de joueurs, et c’est ce qui rend la position d’ « Elky » si exceptionnelle.
En effet, il n’a pas évolué avec les mêmes chances de départ que ses adversaires coréens qui ont baigné dans cette culture, allant jouer après les cours pendant plusieurs heures, puis une fois adultes après le travail. Et oui, chaque jour en Corée il s’ouvre plus d’une centaine de salles de jeux vidéo en réseau. « Elky » a eu la chance d’être pris en charge par un manager coréen qui a réussi signer des contrats chez différentes enseignes de salles, l’amenant à voyager un peu partout dans le pays. Son style atypique (cheveux teints en rouge, lunettes noires) et sa nationalité française ont été un atout pour sa carrière professionnelle à l’étranger, mais son talent reste sa plus grande force.
Voici un autre exemple de partie qui date de 2011, les commentaires sont en français, et cette fois « Elky » remporte la victoire :
Dans une interview, « Elky » précise : « Lorsque je me suis installé en Corée du Sud, j’ai empoché environ 25 000 € sur les six premiers mois. Je gagnais environ 2 000 € par mois, et mon appartement était pris en charge par mon sponsor principal. Je participais à des événements internationaux : par exemple, j’ai été payé 5 000 $ pour partir quatre jours à Taiwan en juillet 2002. Sympa ! La société coréenne est un mélange intéressant de super compétitivité et la vie au quotidien se base beaucoup sur la communauté, mais je me suis adapté très rapidement, et j’ai encore beaucoup de mes meilleurs amis à partir de là. »
En Corée du Sud, c’est la première place ou rien ! Ce qui lui a appris à gérer la concurrence d’une nouvelle façon, et d’accéder à des entraînements plus intensifs, le tout avec la french touch ! Pour vous donner les informations principales sur l’importance de l’e-sport en Corée du Sud, je vous invite à matter cette infographie bien foutue dans laquelle on apprend entre autres que la moitié des ventes mondiales de Starcraft se sont faites là-bas, ou encore que le salaire moyen annuel d’un joueur pro de Starcraft en 2010 est de 60 000$ contre 16 291$ pour le reste de la population. C’est l’heure de s’y mettre sérieusement les gars ! Et chapeau « Elky » !
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