Bien loin des gros FPS qui tâchent et dans la même lignée que Child of Light, Ubisoft semble bien décidé à surfer sur la vague des petites productions maison avec Soldats Inconnus. Un superbe hommage à la première guerre mondiale qui retrace les péripéties de quatre personnages unis par le même destin dans une même tragédie. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Testé sur Playstation 4
La grande guerre
Cette année, nous fêtons les 100 ans du début de la première guerre mondiale. Ce centenaire qui est surement à l’origine du développement de Soldats Inconnus dans les locaux d’Ubisoft à Montpellier. Mais bien loin des grosses productions telles que Call of Duty ou Medal of Honor qui préfèrent s’accaparer la seconde guerre mondiale avec son débarquement et ses autres joyeusetés militaires, Soldats Inconnus a été développé par une petite équipe de 30 personnes pour un résultat nettement plus intimiste et à la patte graphique délicate. Ce qui n’est pas un mal, bien au contraire. Le jeu nous raconte l’histoire de quatre personnages durant la grande guerre. Emile, un fermier père de famille mobilisé pour aller au front. Karl, son beau-fils allemand, d’abord expulsé du sol français avant de rejoindre la ligne ennemi. Anna, une jolie étudiante belge qui décide d’aller donner de sa personne sur les champs de bataille. Et Freddie, l’américain en quête de vengeance. Malgré toutes leurs différences, tout ce joli petit monde sera uni par le même destin. Celui d’une guerre absurde avec ses moments de franche camaraderie, mais surtout d’horreur.
Pourtant, la réalisation graphique du jeu n’est pas faite pour mettre en avant une quelconque violence. Avec ses traits fins, ses couleurs douces, la souplesse des différentes animations et surtout la direction artistique empruntant les codes de la BD, le jeu enchante et apaise au premier regard. Avec Child of Light et les deux derniers Rayman, Ubisoft enfonce le clou et prouve que son Ubi Art est l’un des plus impressionnants moteur graphique 2D du marché. Et non content d’épater visuellement, la réalisation sonore n’est pas en reste avec une grande maitrise des différentes mélodies ainsi qu’un excellent doublage en français pour le narrateur. De ce fait, la réalisation globale tranche avec le fond et surtout le propos du jeu. Car même si certaines musiques nous entrainent et qu’on assiste très souvent à de l’entraide entre les différents personnages, Soldats Inconnus n’hésite pas à nous rappeler les atrocités de cette guerre avec un délicat passage dans les tranchés, des civils gazés et bien plus encore. On ne l’appelle pas la grande guerre pour rien et ça, Ubisoft semble bien l’avoir compris.
Simple, mais efficace
Visuellement chatoyant tout en étant délicieusement conté, Soldats Inconnus reste avant tout un jeu-vidéo. Et de ce côté-là, il ne déçoit pas non plus. Du moins, dans les grandes lignes. Découpé en quatre gros chapitres qui s’étalent sur environ 5 heures de jeu, Soldats Inconnus trouve son cœur de gameplay dans les différentes mécaniques de jeu d’un point and click classique. Pour faire clair, on évolue dans des niveaux en 2D où le but du jeu est de faire progresser l’intrigue en résolvant des énigmes relativement simples. Comme préparer un plat de saucisses pour un régiment allemand, réparer une fuite de gaz et évacuer quelques blessés ou encore piéger un tunnel sous une tranchée ennemie. Pour ce faire, le jeu regorge d’indications mais ne s’encombre pas de dialogues puisqu’on communique avec les différents PNJ à l’aide d’images et quelques onomatopées. Malgré un aspect assez rudimentaire, ce système se montre clair, très efficace et donne par la même occasion un certain cachet au jeu. De plus, selon le personnage que l’on incarne, le gameplay varie et nous permet de prendre part à des séquences d’actions, d’infiltrations et même de rythmiques. Ainsi, alors qu’Emile se contente le plus souvent à rendre service avec l’aide du chien de tranchée Walt, Freddie joue les gros bras et est souvent amené à détruire quelques positions ennemies tout en évitant le feu d’une mitraillette ou la chute d’obus. Anna enfile sa tenue d’infirmière pour soigner les blessés à l’aide d’un mini-jeu de rythme à l’image d’un Guitar Hero et Karl passe le plus clair de son temps à fuir les regards indiscrets en se fondant dans le décor.
Bien que tournant sur les mêmes mécaniques tout au long de l’aventure, le jeu ne donne jamais l’impression de tourner en rond à l’aide d’un rythme particulièrement maitrisé où l’on passe d’un personnage à l’autre sans jamais décrocher. De plus, le jeu est souvent ponctué d’évènements un peu spéciaux comme une course poursuite à bord d’un taxi où l’on doit éviter d’autres véhicules et différents types de projectiles ainsi que quelques affrontements contre un boss récurant où Freddie montre toute sa dextérité. Néanmoins, tout n’est pas parfait dans Soldats Inconnus. Certainement dans un souci de s’ouvrir au plus large public, le jeu se montre trop simple et on évolue sans ressentir le moindre problème. Le jeu se permettant même, selon le mode de difficulté choisi, de nous donner quelques indices sur des choses loin d’être insurmontable à faire. Enfin, si globalement les énigmes sont agréables à résoudre, on sent bien qu’Ubisoft n’a fait qu’effleurer certaines mécaniques sans vraiment aller au fond des choses. De quoi en ressentir un léger sentiment de frustration. Ce sentiment d’avoir raté quelque chose qui aurait pu être nettement meilleur.
Un jeu bien bavard
S’étalant sur toute la période de la première guerre mondiale, Soldats Inconnus nous fait découvrir les plus grands évènements du conflit comme la fabuleuse histoire des taxis de la Marne où des taxis parisiens avaient été réquisitionnés pour transporter des soldats vers le front Est ou encore la folie de la guerre des tranchées avec tout ce qu’elle a de plus cruelle. A chaque nouveau chapitre, il suffit de presser sur une touche pour avoir accès à un certain nombre de fiches, issues du reportage Apocalypse, pour en apprendre toujours plus sur la guerre. Les moments les plus pénibles y compris. Par exemple, on y apprend ce que devenait les soldats capturés, la façon dont étaient utilisé les soldats étrangers ainsi que le sort des différents mutilés. Aussi, les amoureux de la chasse aux trophées / succès prendront certainement plaisir à récupérer l’intégralité des objets à collectionner disséminés dans le jeu. De la plaque d’identification allemande jusqu’à la gamelle en métal des soldats, tous les objets proposent une description détaillée pour mieux appréhender le quotidien de nos poilus. Un réservoir de connaissance qui ne fera certainement pas de mal aux plus jeunes. En clair, non content de nous divertir, voilà qu’Ubisoft prend le soin de nous instruire dans un jeu intelligemment construit. Ce qui vaut bien n’importe quel FPS générique de plus.
Je pousserai même à dire qu’il y a CINQ personnage 😉
Tu parles du chien ou du futur DLC?