Sans réelles nouveautés et avec quelques licences en moins, on pourrait dire que Konami a joué la flemmardise avec PES 2017. Mais ce serait manquer de respect au travail qu’ils ont fourni sur le gameplay, pour un résultat terriblement plaisant.
Après avoir trainé dans la boue un paquet d’année sur la précédente génération, ça va faire maintenant trois ans que PES a plus ou moins recouvré sa magie d’antan. Pas assez pour détrôner FIFA qui reste à mon sens un meilleur jeu de foot, mais suffisamment pour qu’il y ait débat et que les « spécialistes » de la question refassent le match à grand renforts de podcasts et d’articles comparatifs. Et s’il y a bien de quoi débattre durant des heures concernant le gameplay, la question du contenu ne se pose même plus. PES est à des années-lumières de FIFA et ce n’est pas près de changer avec PES 2017.
Régime Dukan
Cette année, Konami a décidé de rester sur ses acquis en ce qui concerne le contenu. Hormis le mode duel qui permet de conserver des données de matchs contre un autre joueur ou l’IA pour ensuite les analyser, il n’y a aucune nouveauté notable. On reste sur la traditionnelle Master League, le mode Vers une Légende et les différentes coupes et championnats qui n’ont pas bougé d’un iota. Même le mode entrainement, avec ses différents ateliers qui permettent de découvrir toutes les subtilités du gameplay, est identique à ce qu’on avait l’année dernière. Pour le coup, Konami ne s’est vraiment pas foulé et ils ont même fait machine arrière avec certaines licences.
On le sait maintenant depuis de nombreuses années, mais Electronic Arts est un ogre qui bouffe tout et n’importe quoi sur son passage. Konami doit donc se contenter des quelques miettes qui trainent sur la moquette et ça ne semble vraiment pas évident quand on voit le résultat cette année. Car si c’est toujours aussi cool de se faire une petite ligue des champions ou une Copa Libertadores avec tous les habillages officiels, ça l’aurait été encore plus avec de VRAIES équipes. En France, pas de quoi se plaindre puisque le jeu propose l’intégralité des équipes de Ligue 1 et Ligue 2, mais les fans de Manchester United, du Bayern de Munich ou encore du Real Madrid n’ont pas cette chance et ont clairement de quoi faire la gueule. Et qu’on le veuille ou non, tout tombe à plat lorsqu’on se tape Man Red contre MD White en finale de ligue des champions. Mais heureusement que le mode création est là pour tout remettre en ordre et que quelques courageux sur la toile se farcissent tout le boulot à notre place. C’est déjà ça…
Le plaisir des choses simples
Pour oublier la pauvreté du contenu et l’absence de nouveautés, Konami a le mérite d’avoir bien soigné son gameplay pour un résultat loin d’être dégueulasse. Et alors que j’ai toujours eu besoin d’une grosse poignée de match avant de commencer à m’amuser ces trois dernières années, ici, le plaisir de jeu est limite instantanée et il suffit de quelques passes pour sentir tout le potentiel de PES 2017. Encore une fois, l’accent est mis sur la construction et il est tout simplement primordial de privilégier les passes et d’avoir un jeu bien aéré pour espérer gagner un match. Car la défense a subi une grosse mise à jour et sans un minimum de concentration on perd très rapidement le ballon. Le milieu de terrain est maintenant une zone redoutable qui vire au trou noir lorsqu’on joue contre des équipes avec la crème de la crème en récupération. Alors pour planter, il n’y a pas d’autres solutions que de faire circuler le cuir, jouer des appels contre-appels et ne surtout pas hésiter à passer par les ailes. Cette année, les centres font plus souvent mouches et il suffit qu’un attaquant soit démarqué ou d’une bonne passe en retrait pour se créer une occasion de but.
Si la série nous avait habitués à l’abus des prouesses solitaires des joueurs les plus techniques, avec Cristiano Ronaldo, Neymar et Messi en mode fusée Ariane, ça a nettement plus de mal à passer aujourd’hui. Bien évidemment, il est toujours possible de faire un exploit avec le crochet et le coup de rein qui va bien, mais il restera toujours le gardien à passer et il est maintenant plus efficace que jamais. Que ce soit à ras de terre, flottant ou à bout portant, les frappes finissent le plus souvent sur les gants du gardien qui dégage une sérénité assez folle. Même quand il s’agit d’un arrêt en deux temps, le bougre a de sacré reflex et il faut s’arracher pour profiter de la moindre petite erreur. Mais pas de panique non plus, que l’on soit à 5, 10 ou 30 mètres, il y a toujours moyen de faire vibrer les filets avec la frappe qui va bien. Et le talent aussi…
Au final, avec son pressing défensif que je qualifierais d’hargneux et l’efficacité redoutable de ses gardiens, le gameplay de PES a gagné en énergie et je dirais même en authenticité. Même si la vitesse de jeu par défaut est un poil trop rapide à mon gout. On sent que les équipes de Konami maîtrisent enfin le Fox Engine et que ce soit au niveau des contacts, de l’animation ou encore de la modélisation bluffante de certains joueurs, le jeu respire et transpire le foot. Seules les couleurs, que je trouve encore beaucoup trop terne, rendent l’ensemble un peu top fade. Trop jeu vidéo en fait. Chose que FIFA maitrise à la perfection avec un rendu qui flirte parfois avec le photoréalisme. Mais qu’importe, malgré le contenu qui ne se renouvelle pas et l’absence d’une majorité de licence, il m’est impossible de dire que PES 2017 n’est pas un excellent jeu de foot. C’est même, après ces quelques heures passées en sa compagnie, le meilleur PES depuis un bon gros paquet d’année. Alors si l’écurie FIFA ne vous fait pas particulièrement de l’œil et que jouer avec des maillots et des équipes génériques ne vous donne pas de remontées gastriques, vous pouvez vous jeter dessus les yeux fermés. PES 2017 est un bon cru. Un très grand cru même.