.. que vient foutre ce foutu open world en plein de milieu de l’aventure ? En guise d’épilogue, et chant du cygne des Dogs sur la série, j’aurais aimé qu’Uncharted : The Lost Legacy s’appuie sur ce qui a fait le sel des aventures de Nathan Drake pour nous en mettre plein la gueule sur toute sa longueur, et pas seulement sur son dernier tiers.
D’abord prévu comme un simple DLC, Uncharted : The Lost Legacy a finalement mué sous la forme d’un standalone. Entendez par là que vous n’êtes pas obligé d’avoir terminé Uncharted 4 pour pouvoir y jouer et que vous pouvez aussi le trouver en version boîte à petit prix. En même temps, avec un moteur pareil, on peut comprendre la motivation de capitaliser de la part de Sony et le souhait d’offrir une dernière belle aventure aux joueurs pour les Dogs. Car si Sony n’a pas encore révélé ses plans concernant la franchise, il s’agit du dernier jeu développé par Naughty Dog qui va maintenant se concentrer sur The Last of Us et très certainement une nouvelle IP qui devrait être annoncée d’ici deux ans. Si ce n’est pas moins. Mais là, c’est ma boule de cristal qui vous parle.
Dans The Lost Legacy, on ne retrouve pas Nathan Drake, qui coule une retraite paisible avec sa femme, mais Chloé Frazer et Nadine Ross. Deux personnages qu’on a déjà croisés dans la série, surtout Chloé, et qui s’unissent ici pour mettre la main sur la défense de Ganesh avant que le sosie hindou de Steve Jobs qui fait office de grand méchant pas sympathique du tout ne se l’accapare. L’introduction d’un nouveau duo, et d’autant plus 100% féminin, est une excellente idée qui apporte une bien jolie dose de fraîcheur à la série. Malheureusement, à l’instar de Nathan avec Sully, Chloé ou encore son frère Sam, le duo a beaucoup mal à fonctionner. La faute à une Nadine bien fade, chiante et globalement inintéressante qui n’arrive pas à tenir la longueur avec Chloé. Si son personnage était déjà plutôt réussi dans Uncharted 2, elle apparaît ici plus charismatique que jamais, mais aussi complexe à mesure qu’on apprend des détails de son passé. En fait, le niveau d’attachement n’est pas du tout le même entre les deux personnages et c’est ce qui provoque un certain déséquilibre. Mais je dois tout de même admettre que l’alchimie finit par prendre sur la fin et les derniers instants du jeu donnent même envie de retrouver Nadine, Chloé, ainsi qu’un dernier larron dont je tairai le nom, dans de nouvelles aventures. Une évolution qu’on peut mettre en parallèle avec le jeu qui devient bien meilleur sur son dernier tiers.
Ce n’est pas pour justifier mon avis mitigé sur le jeu, mais je me considère comme un gros fan d’Uncharted depuis le premier épisode. J’adore la série, je n’ai strictement rien à foutre du discours de l’élite concernant la franchise et je pourrais refaire n’importe quel épisode sans jamais bouder mon plaisir. Pourtant, l’année dernière, j’ai été un poil déçu par Uncharted 4. D’ailleurs, c’est pour le moment le seul jeu de la série, avec The Lost Legacy que je viens à peine de terminer, que je n’ai pas refait au moins une seconde fois. J’ai trouvé le jeu un peu trop long (oui, oui, vous avez bien lu et j’assume), les gunfights parfois pénibles et le rythme bien en deçà de ce que la série nous avait habitué à avoir. Et quand je parle de rythme, je ne parle pas de « pan pan boom boom » comme on me l’a reproché l’année dernière lorsque j’évoquais ce souci. Non, quand je parle de rythme, je parle de la façon d’enchaîner les phases d’explorations, de grimpettes, les puzzles et les fusillades de manière la plus fluide et agréable possible. Et de ce côté-là, Uncharted 2 reste un exemple de maîtrise. Mais pour en revenir à The Lost Legacy, au lieu d’essayer d’affuter son gameplay en améliorant certains points, je parle notamment des gunfights, Naughty Dog a préféré céder aux sirènes de la mode en intégrant un simili monde ouvert au beau milieu de son jeu. Ce qui plombe royalement le rythme de l’aventure.
Uncharted : The Lost Legacy a été forgé avec le même fer que ses prédécesseurs, ou du moins dans la même moule…bref, on reste sur la même formule. On est donc face à un jeu dirigiste où l’on enchaîne les séances de grimpette à plusieurs centaines de mètres sur des corniches friables, les résolutions d’énigmes assez simples, l’exploration de lieux aussi mystérieux que somptueux, l’extermination pure et simple d’un groupe armé ennemi ainsi qu’un peu d’infiltration pour les amateurs du genre. Et à l’image du niveau de Madagascar dans Uncharted 4, on aussi le droit à une vaste zone de jeu qu’on peut parcourir en Jeep. Mais contrairement à UC4 où la zone était juste une pause récréative histoire de poser le récit, souffler un peu et surtout en prendre plein les mirettes, on se tape ici plusieurs objectifs à réaliser avant de passer à la suite. Des épreuves assez sommaires où après deux trois pirouettes avec le grappin et quelques échanges de plomb, on finit par activer un levier qui débloque une partie de la porte d’accès à la nouvelle zone de jeu. On a même le droit à une quête annexe pour mettre la main sur les rubis de la Reine. Un bracelet qui permet de détecter tous les collectibles du jeu et qui s’acquiert après avoir trouvé une dizaine de jetons marqués sur la carte. J’ai cru comprendre que l’intégration de ce mini-monde ouvert a été plutôt appréciée, ce que je peux parfaitement comprendre puisque ça apporte un peu de fraîcheur à une formule qui commence à dater, mais ça reste, à mon sens, parfaitement antinomique à la série.
Je vais paraître un peu rude, mais je trouve que des mécaniques de monde ouvert n’ont rien à faire dans un jeu comme Uncharted. Surtout lorsqu’il s’agit d’une simple zone où l’on enquille les allers-retours. Si on ne peut nier la ressemblance avec Tomb Raider, la série tire sa principale inspiration d’Indiana Jones. Une tétralogie (bah oui, il y en a bien quatre) principalement connue pour son héros, ses nazis, mais aussi pour son incroyable sens du rythme. J’ai dû voir les aventuriers de l’arche perdue une bonne cinquantaine de fois et c’est toujours un régal à regarder. Un exemple de maîtrise de la part de Steven Spielberg. À mes yeux, la série est le pendant vidéo ludique de ces films et Uncharted 2 est sans conteste l’épisode qui les représente le mieux. Quand je joue à Uncharted, je m’attends à un roller coaster où les différentes séquences de gameplay s’emboîtent à la perfection. Je n’ai pas spécialement envie de me farcir des allers et retours au beau milieu de la pampa pour tirer sur des leviers et enfin avoir accès au reste de l’aventure qui, elle, se remet sur de bons rails et devient, pour le coup, bien meilleure. Il est évident qu’Uncharted se devait de changer pour ne pas tomber dans la monotonie, mais au lieu de céder aux caprices de la mode, le monde ouvert, Naughty Dog aurait mieux fait de perfectionner des mécaniques qui ne fonctionnent plus et proposer autre chose qu’un simple piolet comme nouveauté. Mais bon, je déblatère et vous allez finir par penser que The Lost legacy est un mauvais jeu. Non, loin de là même, c’est un excellent titre, très agréable à prendre en main et surtout incroyablement beau.
Beau à en chialer
Comme je n’ai pas envie de passer pour un vieil aigri, j’ai décidé de garder le meilleur pour la fin. Quelque chose sur laquelle il est tout simplement impossible de pinailler à propos de The Lost Legacy : son esthétique. Je vais surement manquer d’originalité, mais le jeu est PUTAIN DE BEAU. Il est techniquement aussi impressionnant qu’il est artistiquement sublime. Uncharted 4 enchainait déjà les crochets, mais là, c’est du direct dans le foie dès qu’on met un pied dans un nouvel environnement. Chaque plan dégouline de détails, rien n’est superflu et tout s’accorde dans une harmonie assez déconcertante. Quand on tombe nez à nez sur un duo de statues titanesques recouvertes de mousse, arrosées par une cascade d’eau avec une nuée d’oiseaux qui filent dans le ciel et font danser les rayons du soleil qui commencent à percer l’horizon, je vous avoue que c’est assez difficile de ne pas perdre sa mâchoire. Et encore, ce n’est qu’un simple exemple parmi la flopée de séquences magistrales que le jeu nous propose. On le savait depuis longtemps, mais les petits gars de Naughty Dog sont des orfèvres et Uncharted : The Lost Legacy est sans doute leur plus belle pièce. Et je pense que c’est pour ça que beaucoup de joueurs ne vont pas comprendre mes critiques à l’égard du titre. Le jeu est tellement beau et tellement spectaculaire qu’on en oublie tous ses défauts. Mais bon, comme je vous le disais un peu plus haut, ça reste une super bonne expérience. La promesse de passer entre sept et huit heures de jeu très agréables à en prendre plein les mirettes. Voir un peu plus pour les complétistes qui voudraient toucher le platine. Du coup, je me retrouve coincé entre ceux incapables de comprendre qu’on puisse trouver à redire sur le jeu et ceux qui n’ont jamais adhéré à la formule.
Images : jeuvideo.com
J’ai joué au jeu à partir d’une version fournie par l’éditeur