Après Prisoners, Denis Villeneuve part en chasse d’un baron de la drogue sous le soleil cuisant du Mexique dans Sicario. Un thriller oppressant à la limite de l’hypnotique qui aurait tout gagné à raconter une histoire.

Synopsis

La zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique est devenue un territoire de non-droit. Kate, une jeune recrue idéaliste du FBI, y est enrôlée pour aider un groupe d’intervention d’élite dirigé par un agent du gouvernement dans la lutte contre le trafic de drogues. Menée par un consultant énigmatique, l’équipe se lance dans un périple clandestin, obligeant Kate à remettre en question ses convictions pour pouvoir survivre.

Un film d’ambiance

SicarioJe ne sais pas trop pourquoi, mais j’ai toujours été un grand amateur des films sur le trafic de drogue. De Scarface à Narcos en passant par American Gangster, j’avoue éprouver une certaine fascination à ce sujet. Alors quand je suis tombé sur la bande-annonce de Sicario, je ne me suis pas fait prier pour aller me le mater au cinéma. Et j’en ai eu pour mon argent dès le début du film avec l’assaut d’une maison paumé dans l’Arizona par un groupe d’intervention du FBI. Sur les lieux, pas de drogue, mais une dizaine de cadavres en état de putréfaction cachés dans les murs. Le ton est donné d’entrée de jeu : Sicario est un film oppressant. Si vous êtes à la recherche d’un film d’action dans la plus grande des traditions avec une pluie de balles et des explosions dans tous les sens, vous allez être déçu. Sicario se la joue réaliste avec des scènes qui vont droit au but. La violence est palpable, souvent présente, mais elle n’est jamais gratuite. Le film mise avant tout sur l’ambiance avec des passages d’une tension assez folle. Comme cette scène où l’on suit un convoi de la DEA qui doit escorter un témoin de Juarez jusque de l’autre côté de la frontière américaine. On sait pertinemment qu’ils vont se faire attaquer, mais impossible de deviner quand. Le temps de quelques minutes, Denis Villeneuve s’amuse avec le spectateur et fait tellement monter la pression que le moindre battement de paupières en devient insoutenable. Brillant. Oui, le film est brillant. Brillant dans sa mise en scène, dans sa direction artistique et aussi dans la prestation de ses acteurs. Un trio de « gueules » comme on aimerait en voir plus souvent au ciné. Emily Blunt est particulièrement convaincante dans son rôle d’agent du FBI complètement dépassé par les événements et Josh Brollin fait ce qu’il sait faire de mieux : Du Josh Brollin! Mais les deux acteurs restent un ton en dessous d’un Benicio Del Toro des grands jours qui campe le rôle d’un mystérieux agent colombien dont on ignore à peu près tout. En clair Sicario possède tous les ingrédients nécessaires pour en faire un monstre du genre. Pourtant il se foire là où il aurait gagné à être le plus pertinent : Raconter une putain d’histoire.

Une étrange banalité

SicarioJe ne dis pas que Sicario ne raconte pas d’histoire, je dis juste qu’il le fait mal. Ou du moins pas assez bien compte tenu de sa réalisation, de ses acteurs et surtout de son contexte. Le film ne fait que suivre un agent du FBI qui se retrouve propulsé du jour au lendemain dans la traque du baron du cartel de Juarez. Ni plus, ni moins. On ne se sent jamais impliqué dans l’histoire et il n’y a pas de véritable montée en puissance. Il y a bien quelques twists scénaristiques plutôt bien sentis, mais ils manquent de puissance. La faute à des personnages pas assez bien exploités hormis celui campé par Benicio Del Toro qui, pour le coup, est très intéressant à suivre. Par moment, on se croirait presque devant un film de série B, mais avec une enveloppe digne des plus gros blockbusters hollywoodiens. Pour être franc, le film n’atteint même pas le dixième de la puissance d’un American Gangster où l’on suit l’ascension de Franck Lucas qui passe du statut d’homme de main à celui de cerveau d’un trafic d’héroïne internationale. Mais la comparaison n’est peut-être pas très pertinente. Sicario reste un bon film, un excellent film même. C’est juste qu’il se contente du strict minimum. Denis Villeneuve s’est focalisé sur la réalisation, sur la photographie et sur l’ambiance sans se soucier du fond. C’est ce qui est sacrément dommage. Car avec une vraie trame de fond et un scénario un peu plus couillu, il y avait clairement la place de faire quelque chose.

Sous sa carapace de thriller policier qui raconte la traque d’un baron de la drogue entre les Etats-Unis et le Mexique, Sicario reste surtout un putain de film d’ambiance porté par un trio d’acteurs particulièrement talentueux. Denis Villeneuve prouve une nouvelle fois qu’il est très doué derrière une caméra et parvient à retranscrire toute la violence de l’affrontement entre le cartel et la police de façon très réaliste. Si bien qu’avec un scénario mieux ficelé et une histoire à raconter, le film aurait eu sa place avec les plus grands du genre. J’ai envie de dire dommage…

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