Épique, puissant, surprenant, les qualificatifs et autres superlatifs ne vont pas manquer pour décrire la claque qu’est Rogue One : A Star Wars Story. Un film qui en plus d’être profondément ancré dans l’ADN Star Wars, reste avant tout un spin off qui s’assume à 200%
Pour commencer sur une petite image, on pourrait qualifier Le Réveil de la Force comme une très jolie toile recopiée avec passion sur une fresque vieille de trente ans par un fan qui n’a jamais prétendu faire le contraire. Ce qui n’est pas le cas de Rogue One qui prend lui la forme d’une œuvre d’art à part entière et qui tire toute son inspiration d’une mythologie dans laquelle elle s’inscrit elle-même. Voilà, à mon sens, la principale différence entre le travail de J.J. Abrams et celui de Gareth Edwards. Une adaptation face à une véritable création. Mais par honnêteté envers l’homme sans qui la série LOST n’aurait jamais été, ce qui lui vaut mon respect pour l’éternité, la carte de l’originalité était nettement plus difficile à sortir sur le septième épisode d’une saga que sur un spin-off. Car contrairement à ce qu’on a pu voir en salles l’année dernière, Rogue One ne s’inscrit pas dans le canon de la saga Skywalker, mais se base sur une histoire inédite. Ce qui donne fatalement le champ libre à l’imagination débordante des auteurs et autres scénaristes de Lucasfilm. Quoiqu’il en soit, Rogue One se suffit à lui-même et fonctionne comme un tout qui n’a pas à dépendre de ce qui a été fait jusque-là hormis une vague référence dans le premier Star Wars. Un Spin Off qui prend sens dès les toutes premières secondes du film lorsqu’on ne voit jamais apparaitre à l’écran le désormais mythique générique de Star Wars qui scroll vers l’infini. Un spin-off qui s’assume de la première à la dernière seconde et qui est sans doute de très loin sa plus grande force. Car s’il reprend bien évidemment tous les codes et l’imagerie de l’univers Star Wars, allant des dogfight jusqu’au son du blaster des Stormtroopers en passant par l’inévitable référence à la Force, le film ne tombe jamais dans le fan service et se construit sa propre mythologie. Ainsi, chaque référence, chaque personnage et chaque petit détail distillé par le film sonnent à l’oreille du fan comme une douce mélodie et non pas comme le bruit d’une fanfare devant un stand de goodies à l’effigie de Dark Vador. Rogue One s’accapare l’univers de Star Wars pour y faire vivre son récit et jamais l’inverse. Personnellement, c’est tout ce que je lui demandais.
Jusque-là, je vous ai épargné du moindre petit spoiler et je vous avoue que je suis plutôt content de moi, car pour tout vous dire, je me suis mis en mode autruche jusqu’à la projection du film et la découverte a une part plus qu’importante dans l’appréciation du film. La seule chose que je peux m’autoriser à vous dire est que Rogue One raconte l’histoire d’un groupe de rebelles qui vont risquer leur vie pour mettre la main sur les plans de l’Étoile Noire. Un certain sens du sacrifice qui est du coup le thème porté par le film. Le sacrifice d’un père pour sa fille, d’un rebelle pour sa cause ou tout simplement d’un ami pour un autre. Avec un tel message, le film aurait pu rapidement virer au lormoyant, notamment lors de sa scène finale, mais tout est fait avec un certain sens de la mesure, de la délicatesse et surtout sans exagération. Une maîtrise qui confère à Rogue One un côté poignant et surtout très humain. Un sentiment poussé par une galerie de personnages remarquablement bien écrits et aussi très attachants. À commencer par Jyn Erso, interprété par la sublime Felicity Jones, le personnage principal du film qui en plus d’avoir une petite bouille d’ange à un charisme fou. Il en en va de même pour le capitaine Cassian Andor avec qui elle forme un duo qui fonctionne merveilleusement bien. Même les personnages qui m’ont donné une mauvaise impression d’entrée de jeu se sont révélés très attachants et intéressant à suivre. Je pense notamment à K-2SO, un droïde qui me fait bizarrement penser à Sheldon dans la série The Big Bang Theory, et à Chirrut, un aveugle apôtre de la Force interprété par le génialissime Donnie Yen (que je n’aurais jamais imaginé dans un Star Wars). Deux personnages qui contrastent avec le reste du cast et qui servent aussi d’amorce à quelques petites pointes d’humour fidèle à l’esprit de la saga. Mais il y a tout de même quelques personnages ratés, comme Saw Gerrrea (Forest Whitaker) qui n’apporte pas grand-chose en plus d’être illogique dans son attitude. Mais la palme du plus gros fail revient à un personnage historique, et je ne parle pas de Dark Vador, qui pour des raisons évidentes de logistique a été modélisé numériquement. Si l’idée devait très certainement fonctionner sur le papier, dans les faits ça ne fonctionne absolument pas et ça fait même tomber à plat certaines scènes riches en tension. Dommage. Enfin, un petit mot sur la prestation de Mads Mikkelsen, qui campe le rôle de Galen Erso, une fois de plus irréprochable. Comme à chaque fois qu’il est devant la caméra.
En plus d’être une remarquable aventure humaine, Rogue One est aussi un authentique film de guerre réalisé avec une insolente maitrise. Gareth Edwards a vraiment de l’or dans les mains et ça se sent du premier au dernier plan. Et j’en profite pour dire que les deux dernières minutes du film sont assez folles et fileront des frissons, pour rester poli, à tous les fans de la première trilogie. Mais pour en revenir à la réalisation, si certains pourront parler de classicisme, je préfère me focaliser sur son efficacité et sa maitrise. Une maitrise qui se distingue dans les nombreuses scènes d’action au sol, dans l’espace où ça vire même à l’orgie et aussi dans l’intimité d’une simple conversation à bord d’un vaisseau. Qu’on parle de construction, de narration ou de rythme, Rogue One est pour moi une franche réussite qui ne s’embarrasse jamais de superflu et où chaque scène sert le propos du film. Chose que le Réveil de La Force n’avait pas toujours réussi à faire. Quant à l’aspect visuel, là encore, c’est un grand OUI. Les effets spéciaux sont d’une qualité telle qu’on en vient très vite à les oublier, même s’il y a de quoi chipoter sur la modélisation du personnage vu plus haut ou certains croiseurs de l’empire qui font très jouets sur certains plans. Au-delà de ça, les images sont belles, les panoramas somptueux et la photo est parfaitement dans le ton avec une image froide et rugueuse très agréable à l’écran. Une froideur qui n’empêche pas le film de finir sur une bataille épique sous le soleil d’une planète très riche en couleurs chaudes. Le contraste est appréciable, la bataille encore plus. Pour finir, un mot sur la bande-son qui a été signée par Michael Giacchino qui, de la même manière que John Williams dans le Réveil de la Force, nous livre un travail soigné mais sans thème fort. Une petite déception pour un compositeur dont j’avais adoré le travail sur LOST et qui aurait pu profiter de ce spin-off pour tenter quelque chose de nouveau et d’un peu différent.
En assumant pleinement son statut de spin-off et en s’intégrant avec brio dans l’univers de Star Wars, Rogue One prend la forme d’un grand film d’action aussi puissant qu’il est surprenant. Une aventure humaine au souffle épique porté par une galerie de personnages attachants et une réalisation de haute volée. Alors malgré quelques petites fautes de gout, Rogue One est un très bon Star Wars en plus d’être un excellent film. Ce qui augure de belles choses pour l’avenir de Lucasfilm.
Salut,
Généralement je suis passionné uniquement par les jeux vidéo, mais, depuis que j’ai découvert ton blog, je commence également à m’intéresser aux œuvres cinématographiques. Merci d’avoir partagé ton avis sur ce film.