Alors que Forza 5 avait fortement déçu, à cause notamment d’un système de paiement totalement abusif et honteux, Turn 10 se devait de revenir sur la piste de manière convaincante. Car si la licence américaine est parvenue à détrôner Gran Turismo au fil du temps, elle n’en demeure pas pour autant indétrônable, et un nouvel accident de parcours pourrait lui être fatal…
Au volant d’une GT, j’étais submergé.
La voiture star de Forza 6, une somptueuse Ford GT 2017, dispose des mêmes initiales que le titre concurrent. Certains pourront y voir un complot, un pied-de-nez, d’autres n’y verront qu’une simple ironie. Toujours est-il qu’un tel choix de véhicule, surtout après la présentation effectuée à l’E3, ne s’avère pas anodin. La rédemption de Turn 10 passait évidemment par un nombre de véhicules bien plus conséquent que dans Forza 5 ; si en plus d’en avoir davantage, on peut en piloter certaines qui ne sortent que dans de nombreux mois, le plaisir s’en voit renforcé et le studio pardonné. La course d’introduction du titre se déroule ainsi au sein de ce bolide de rêve, au cœur de la ville de Rio de Janeiro. Le soleil y brille de mille feux (contrairement à la Seleçao l’an dernier), et virtuellement le rendu s’en voit bluffant. Après une cinématique extrêmement réussie et permettant une immersion totale au sein de l’univers automobile, on se trouve face à un Rio représenté de manière fidèle et réaliste, de même que le véhicule que l’on pilote. Immédiatement, sans même avoir commencé à conduire, un sentiment très spécial s’empare de nous autres joueurs. Et moi de balancer, bouche bée devant mon écran : « putain, c’est beau ».
They see me rollin’
Forza 6 était forcément attendu sur sa qualité graphique, fort heureusement il convainc, et ce n’est qu’un euphémisme. Il s’agit probablement du plus beau jeu sur One, et ce constat ne cesse de se renforcer au fil de la progression. Chaque environnement se veut détaillé, chaque véhicule parfaitement modélisé, chaque élément du décor bien foutu. Du coup, difficile parfois de rester concentré sur sa conduite tant l’on s’extasie face à ce surplus de beauté. Mention spéciale à la ville de Prague, dont la modélisation m’a particulièrement impressionné. Ayant déjà eu l’occasion de visiter la ville, j’ai reconnu sans aucun mal ses divers lieux et monuments, et franchement ça en jette. Au risque de répéter le terme ainsi que le font bon nombre de footballeurs, le « plaisir » reste le mot d’ordre de ce Forza 6. Qui dit plaisir dit a fortiori absence d’ennui, et là demeurait un énorme point noir dans les précédents opus. S’il n’est pas aisé de rendre une simulation moins « barbante » sur le long terme, de petites innovations parsemaient çà et là les prédécesseurs de ce sixième volet, sans jamais réellement convaincre. Ici, les efforts ont été doublés, pour un résultat plus satisfaisant mais pas exempt de tout reproche. La carrière s’avère bien mieux pensée : exit les courses de début de carrière avec des véhicules classe E qui se feraient bouffer par ma 106 diesel, place à une avancée plus rythmée. On commence avec des classes C, pour doucement mais sûrement arriver aux sommets. Chaque grande catégorie se veut subdivisée en trois championnats, lesquels comportent des courses classiques, parsemées d’épreuves spéciales qui montrent toute la passion des développeurs pour le monde automobile. Clins d’œil à la célèbre émission Top Gear, mise en scène d’évènements passés ou d’épreuves marquantes du sport Auto, ces divers « extras » s’avèrent globalement réussis. Chacun peut y trouver son compte : des épreuves d’endurance ultra longue (la plus courte d’entre elles dure une heure, c’est la seule que j’ai eu le courage d’effectuer) aux « bowling voiture » très rapide et jouissif, la diversité demeure réelle. Du coup, Forza 6 est paradoxalement presque « accessible » aux non puristes du monde des bagnoles. Car s’ils s’ennuieront ferme lors de courses réservées aux pilotes chevronnés, les épreuves décrites ci-dessus parviennent à casser la monotonie qui caractérise le genre de la simu. Et, de fait, à toucher un public bien plus large. Cela s’illustre également par l’apparition de « Mods », cartes que l’on achète avec les crédits du jeu et qui offrent divers bonus (+60% d’Exp, meilleur freinage, moins bonne adhérence mais plus d’argent en contrepartie…). Là encore, on ressent la volonté de casser le cliché qui voudrait que simulation rime avec sieste de digestion.
Il est minuit, après le beau temps vient la pluie.
L’adage stipule pourtant le contraire, mais Turn 10 ne fait rien comme tout le monde. Décrié par de nombreux joueurs pour l’absence de conditions météorologiques autres que ‘Jour – Beau temps – ciel dégagé’, la licence ricaine instaure ENFIN la pluie et la nuit au sein de son œuvre. Et lorsqu’on voit le résultat, une seule question se pose : pourquoi ? Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ? Car au-delà d’un aspect simplement esthétique, les conditions climatiques influencent véritablement la conduite. Aquaplaning, perte d’adhérence, tête à queue ou autres allongements de la distance de freinage constituent tant d’expressions avec lesquelles il vous faudra vous familiariser. Le Gameplay s’en voit ainsi rendu plus dense, plus riche, et on aurait presque la sensation de se trouver face à la simulation ultime. « Presque », oui, car aussi excellent soit-il, Forza sixième du nom comporte toujours des défauts. Le système de rembobinage, déjà, qui bug systématiquement lors de longues courses. Oui, je l’utilise : quitte à ce qu’il soit présent, autant l’utiliser non ? Enfin, toujours est-il que la frustration se fait clairement ressentir lorsque, arrivé au 35ème tour sur 40 et quelques 50 minutes passées sur une course, le bouton Y ne répond plus. La sortie de piste semblait s’avérer fatale, et voilà que subitement le rewind refonctionne et nous ramène… au tour 34. Incompréhensible, énervant même. Notons au rang des points faibles que les crissements de pneus lors de drifts disposent d’une sonorité étrange, qui personnellement m’a rappelé le premier Burnout, sorti il y a plus de 10 ans sur GameCube et consorts. A cela s’ajoutent des petits détails, comme les « images » qu’on voit lorsqu’on regarde nos rétroviseurs et qui, justement, ne font pas assez « réalistes », ou encore quelques légers bugs de collisions qui tantôt ne font subir aucun dégâts au véhicule, tantôt l’explosent alors que le choc est similaire. Pour finir sur des éléments bien plus positifs, notons que le multijoueurs Online propose des serveurs d’une stabilité étonnante, ce même à 24 joueurs. Le rendu demeure fluide et les lags aussi rares que les victoires de Ferrari en Formule 1 depuis quelques années maintenant.
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Éblouissant | |
Forza Motorsport 6 balaye d’un grand coup d’essuie-glace la sale trace qu’avait laissé Forza 5 dans la tête et dans le cœur des joueurs. Beau, complet, doté de nouveautés on ne peut plus indispensables, il s’impose à nouveau comme la référence de la simulation automobile. Rien que ça. |
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