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Dishonored 2 – Une lettre d’amour au jeu vidéo

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En plus de surclasser en tout point son illustre aîné,  Dishonored 2 est sans doute l’une des plus belles lettres d’amour qu’on pouvait faire au jeu vidéo.

Bien qu’ayant fait l’impasse sur sa récente réédition, je pense ne surprendre personne en disant que j’ai adoré le premier Dishonored. Vous pouvez même le vérifier par vous-même en jetant un petit coup d’œil sur le test que j’avais écrit pour console-toi il y a maintenant plus de quatre ans. Partant de là, vous comprendrez à quel point j’attendais sa suite avec la plus grande des impatiences. Je vais même coupé court à toutes formes de suspens en clamant d’entrée de jeu que Dishonored 2 est à mes yeux le meilleur jeu de l’année. Un titre qui surclasse son prédécesseur sur tous les tableaux et qui prend la forme d’une véritable lettre d’amour adressée au jeu vidéo. Une œuvre d’art façonnée avec soin par ce qui semble être actuellement le meilleur studio français devant Ubisoft ou Quantic Dream. Une jolie brochette d’artistes et de développeurs qui avant d’être de talentueux artisans restent de simples joueurs. Un état de fait qui transpire dans chaque seconde de jeu qu’a à offrir Dishonored 2.

test de dishonored 2 sur PS4

L’amour du jeu vidéo

Dishonored 2 est un jeu qui ne triche pas avec le joueur. S’il dépeint les aventures de deux assassins dans un univers steampunk inspiré de nos pires années, à aucun moment le titre d’Arkane cherche à nous vendre autre chose qu’un jeu vidéo. Le récit n’emporte jamais le pas sur le jeu et ne sert que de simple support à une expérience ludique, intelligente et d’une richesse incroyable. Entendez par là que Dishonored 2 ne s’embarrasse pas de longues cinématiques ou d’une réalisation spectaculaire pour tenter de dissimuler une coquille vide. En fait, on pourrait même dire que le jeu se situe à l’exact opposé tant il démarre sur les chapeaux  de roues. Quinze longues années se sont écoulées depuis la destitution du Lord Regent et la fin de la grand Peste. La petite Emily a bien grandi et elle règne sur l’empire des îles comme le faisait jadis sa mère. Une position qui provoque fatalement la convoitise puisqu’à peine le décor planté que son trône est renversé par sa tante Delhia qui compte bien assouvir sa sinistre vengeance en prenant le contrôle de Dunwall. Et c’est là, au beau milieu d’un putsch sanglant, que le jeu nous demande de choisir entre Corvo et Emily pour la suite et surtout l’intégralité de l’aventure. Car en plus d’être une impératrice respectée, la jeune Emily Kaldwin est devenue, sous les enseignements de son père, un assassin particulièrement redoutable. Mais peu importe le choix que l’on fait, la suite des aventures nous mènera du côté de Karnaca, ville côtière du sud en pleine décadence, pour faire la lumière sur la mystérieuse Delilah et s’occuper de toutes les personnes qui l’ont aidé à mettre son plan à exécution.

test de dishonored 2 sur PS4

Emily ou Corvo ?

C’est qu’ils sont cruels chez Arkane. En nous demandant de choisir entre Emily et Corvo si tôt dans l’aventure, c’est comme s’ils prenaient les joueurs en otage. Sauf pour ceux qui découvriraient la franchise avec ce second épisode pour qui le choix sera certainement très vite expédié. Mais pour les fans, la réflexion a de quoi durer plusieurs longues secondes pour ne pas même dire minutes. Coincés entre la joie de retrouver Corvo et l’envie de découvrir Emily sous un nouveau jour. Surtout que le choix est loin d’être simplement cosmétique. Si la finalité reste la même, l’expérience, elle, peut changer du tout au tout. Car en plus d’avoir accès à des armes différentes, l’outsider ne confie pas les mêmes pouvoirs à nos deux protagonistes. Par exemple, Corvo est capable de prendre le contrôle d’un rat ou même d’un poisson pour se frayer un chemin dans des endroits exigus tandis qu’Emily est capable de se métamorphoser en une ombre pour se mouvoir entre deux gardes sans forcément les alerter. À travers ce choix, que dis-je, ce dilemme, il paraît difficile de ne pas deviner l’intention des équipes d’Arkane. Donner l’irrémédiable envie aux joueurs de passer des heures sur le jeu en le recommençant après l’avoir terminé avec un premier personnage. De quoi redécouvrir le jeu une seconde fois en changeant sa façon d’opérer. Car tout comme dans le premier épisode, Dishonored 2 propose un gameplay si dense et avec tellement de possibilités qu’on a systématiquement cette délicieuse impression de découvrir quelque chose.

test de dishonored 2 sur PS4

Gameplay à la carte

Dishonored 2 est un jeu qui propose ce qu’on appelle du gameplay à la carte. C’est-à-dire qu’on fait ce que l’on veut, quand on le veut et sans jamais se faire prendre à défaut par le jeu. Comme si toutes les possibilités avaient été anticipées par des développeurs dont le seul et unique but était le plaisir du joueur. Un plaisir de jeu qui ne vacille pas que l’on choisit la voie de l’infiltration, celle de l’action brute ou un savant mélange des deux. Ce qui reste, à mon humble avis, le meilleur choix à faire lors de sa toute première partie. Et c’est justement là que Dishonored 2 est le plus impressionnant. Dans cette capacité à systématiquement s’adapter au choix des joueurs. On peut très bien commencer un chapitre en mettant tout un quartier de la ville à feu et à sang pour ensuite basculer dans de l’infiltration sans pour autant se retrouver coincé à cause de choix faits plus tôt. Les décisions prises par le joueur sont sans cesse prises en compte aussi bien dans leurs déroulements que dans leurs finalités. On peut ainsi faire le choix de tuer toutes les personnes qui se mettent en travers de notre route ou bien faire l’intégralité du jeu sans tuer ne serait-ce qu’une seule personne, boss final y compris. Personnellement, si je me suis amusé à tenter d’agir telle une ombre le temps de quelques missions, mon activité principale s’est résumée à faire couler quelques litres de sang. En même temps, le jeu intègre un système de contre qui rend les combats bien plus dynamiques que dans le premier Dishonored. Et de manière générale, le jeu offre beaucoup plus de divertissements à ceux qui choisissent la voie de la force plutôt que celle de l’infiltration où la seule réelle satisfaction repose sur le fait d’avoir réalisé l’exploit de boucler tout en chapitre sans se faire voir et sans tuer personne. Chacun ses choix. Chacun sa philosophie.

test de dishonored 2 sur PS4

Lego City

Si le gameplay de Dishonored 2 offre autant de possibilités, c’est aussi grâce à l’ingéniosité de son level design. Le travail effectué sur le premier Dishonored était déjà à saluer, mais sa suite chatouille la perfection avec des niveaux qu’on ne voit que trop peu souvent de nos jours. Les zones de jeu sont vastes, riches et tout en verticalité pour faire exploser les possibilités d’actions offertes aux joueurs. Si on a toujours cette tendance à relier un point A à un point B en utilisant le chemin le plus rapide, souvent matérialisé par une route, un chemin ou un couloir qui grouille de gardes, il y aura toujours un appartement vide, une ruelle, un balcon ou même un poteau électrique pour nous motiver à un utiliser un chemin de traverse. Dishonored 2 est un jeu d’une très grande générosité qui encourage le joueur à explorer et farfouiller tous les moindres recoins sans forcément se soucier de l’objectif principal. Et là ou un autre jeu récompensera le joueur par un item à la con ou un trophée juste pour la gloire, Dishonored 2 distribue aussi bien des runes et charme d’os que des indices pour atteindre l’objectif principal d’une manière alternative. De fait, s’il n’y a strictement rien qui nous empêche de foncer tête baissée hormis la complexité de la tâche, agir de la sorte est la garantie de passer à côté d’au moins 70% de ce que le jeu a à offrir. Si bien que le refaire deux ou trois fois en alternant les personnages, le style et pourquoi pas même en refusant les pouvoirs de l’outsider, garantie de vivre à chaque fois une expérience unique. Du moins, si on prend la peine d’essayer de faire les choses différemment.

test de dishonored 2 sur PS4

Un jeu d’intello

À l’heure où j’écris ces lignes, je suis à un peu plus de la moitié de Watch_Dogs 2, je compte bien enchainer sur Final Fantasy XV et pourquoi pas même faire quelques petites séances sur Forza Horizon 3. Malgré ça, je peux d’ores et déjà vous dire que Dishonored 2 emporte haut la main le statut de GOTY 2016. Et en plus d’être le meilleur jeu de l’année à mes yeux, c’est aussi, et de très loin, le jeu le plus intelligent de tous. Une intelligence qui se matérialise à travers différents points. Comme la narration, qui dépeint une galerie de personnages remarquablement bien écrits quitte à faire perdre un peu de substance au récit principal. Une direction artistique fabuleuse, qui parvient à reproduire les facettes les plus crasses d’une ville en perdition de façon flamboyante. Ou encore le gameplay et toutes ses mécaniques de jeu qui mises bout à bout forment un tout parfaitement cohérent. Mais ce qui brille le plus dans Dishonored 2, c’est sa construction. Le jeu compte parmi les environnements les plus ingénieux que j’ai pu voir dans un jeu vidéo et chaque niveau est construit comme un puzzle dont on découvre les pièces en explorant ses moindres parcelles. Comme le manoir mécanique qui prend la forme d’un labyrinthe mouvant où les pièces se métamorphosent au gré de leviers qu’on actionne. Il y a aussi cette vieille bâtisse abandonnée qui livre tous ses secrets à l’aide d’un artefact qui nous permet de faire des vas et viens dans le temps et ainsi accéder à une pièce bloquée par un plafond effondré ou encore pénétré à l’intérieur d’un coffre-fort à l’époque où il n’était pas encore verrouillé. Il est même possible de passer outre l’intégralité d’un niveau si on prend la peine de se creuser les méninges et venir à bout d’une énigme particulièrement difficile. C’est pour toutes ces tranches de jeu, toutes ces surprises et toutes ces possibilités que Dishonored 2 se démarque de ses petits camarades de fin d’année, bien trop occupé à en mettre plein la vue.

test de dishonored 2 sur PS4

La perfection est dans l’imperfection.

Voilà maintenant près de 10000 signes que je suis en train de vous faire les louanges de Dishonored 2. Pourtant, le jeu d’Arkane est loin d’être sans défaut à commencer par une technique que je qualifierais de décevante. Entre la profondeur de champ minimaliste, certaines modélisations faites à la truelle et l’aliasing qui vient gâcher de très jolies fresques, le jeu souffre de grosses chutes de framerate. Rien de véritablement gênant dans le fond, mais pour un jeu qui réclame autant d’exigence et de dextérité, j’aurais préféré quelque chose d’un peu plus stable quitte à être un poil plus moche. Il y a aussi quelques bugs de collisions qui peuvent faire louper un lustre après un coup de blink ou encore nous faire repérer par un garde à cause d’un pillier qui nous bloque dans un coin. Et en parlant des gardes, on peut aussi pointer du doigt l’IA qui oscille entre le bon et le nettement moins bon. Si un garde est capable de ne pas voir ni d’entendre son collègue en train de se faire trancher la gorge, il est capable de nous repérer à plus de 100 mètres à cause d’un bout d’épaule qui dépasse d’une vieille caisse en bois. Et si tôt repéré, tout ce petit monde agit comme s’ils avaient un GPS dernier cri et nous un émetteur au cul. Rageant. Enfin, pour finir avec les points qui fâchent, le jeu d’Arkane a aussi quelques soucis avec la spasialitation du son. On peut écouter la discutions entre deux gardes comme s’ils étaient à moins d’un mètre alors qu’ils sont à l’étage du dessus voir carrément sur le toit et vice-versa. Frustrant. Surtout que ce genre de défaut peut foutre en l’air toute une stratégie d’approche en infiltration. De quoi vraiment l’avoir mauvaise. Tous ces défauts trahissent une fin de développement vraisemblablement compliqué et surtout la volonté de sortir dans les temps pour ne pas louper la sacro-sainte période des fêtes de fin d’année. Mais finalement, même si ces défauts peuvent être parfois très agaçants, ils donnent un certain cachet au jeu. Comme un supplément d’âme à un titre qui frise l’excellence sur certains points, mais qui n’en reste pas moins imparfait.

test de dishonored 2 sur PS4

Je pense ne jamais avoir autant gratté sur le blog. Tellement que je ne sais même pas comment conclure hormis vous conseiller de vous jeter sur le jeu les yeux fermés. Dishonored 2 a été développé par des amoureux du jeu vidéo pour des amoureux du jeu vidéo. C’est un jeu d’une folle générosité, d’une intelligence rare et avec une patte artistique, qu’on l’aime ou qu’on la déteste, qui ne peut laisser personne indifférent. Alors même si certains pourront toujours pester sur une technique imparfaite et une IA aléatoire, faire l’impasse sur ce jeu serait une bien belle bêtise. Vous passerez à côté l’une des meilleures expériences de l’année. Si ce n’est même la meilleure. Mais là, c’est moi qui parle.

 J’y ai joué sur PS4 à partir d’une version fournie par l’éditeur

Marko
Marko
Maître des lieux. Développeur le joueur, joueur la nuit, mais surtout expert en bons plans

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