En embarquant pour l’espace, Activision et Infinity Ward ont fait le pari du changement avec Call of Duty Infinite Warfare. Dommage qu’ils ne l’aient fait qu’à moitié…
Moi pas aimé toi, moi tapé toi
Je pense qu’on sera tous d’accord pour dire que la guerre c’est de la merde. Et hormis l’industrie de l’armement qui se gave comme un blogueur devant une tablée de petit-four à une soirée presse, tout le monde morfle à un degré ou un autre de ces conflits tous aussi débiles les uns que les autres. Mais au-delà de la pertinence de ces chamailleries qu’un expert en géopolitique traitera forcément beaucoup mieux que moi, une guerre trouve toujours un point de départ : un assassinat à Sarajevo, une fiole de jus de pomme ou encore une parcelle de terrain que personne n’utilise, mais que tout le monde veut. Dans Call of Duty Infinite Warfare, la guerre, on y est jusqu’au coup, mais pour une raison que tout le monde ignore, même les développeurs…Du moins, c’est l’impression que laisse le solo après l’avoir bouclé. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on campe dans les godasses du lieutenant Nick Reyes qui va rapidement devenir commandant du Retribution pour contrecarrer les plans du très vilain Salen koch (Jon « tu ne sais rien » Snow). Commandant de l’Olympus Mons et membre émérite de la SDF, une organisation terroriste qui n’a strictement rien à voir avec une bande de clodos et qui répond également au doux nom de Front de Défense des Colonies. Une bande de révolutionnaires de l’espace dont le seul et unique but est de réduire en pièces la terre et tous ses habitants. Pour faire clair, des mecs pas très avenants de prime abord, mais qui sont, et j’en suis sûr, de vrais amours quand on apprend à les connaitre. Vous l’aurez donc compris, comme le veut plus ou moins la tradition de la franchise, le scénario de Call of Duty Infinite Warfare est nanardesque à souhait et aurait parfaitement sa place dans l’arrière-boutique d’un vidéo-club du fin fond de l’Arkansas en direct-to-dvd. Qu’à cela ne tienne, car comme toujours, le récit du jeu n’est qu’un vague prétexte pour faire piou piou dans l’espace. Et l’espace, justement, est l’élément qui apporte cette petite dose de fraicheur à une série qui ne demandait que ça.
Gravity
À moins que vous soyez complètement nul en physique ou même en géographie, vous devez sans doute savoir que l’espace à quelques petites différences avec le plancher des vaches. Ça, Infinity Ward l’a bien évidemment compris et a donc adapté de nombreuses parcelles de son gameplay en conséquence. Si on passe la majorité du temps à déambuler dans les couloirs de stations et autres vaisseaux spatiaux à la déco plus que douteuses, le jeu nous embarque dans des phases qui tranchent radicalement avec les habitudes de la licence. Comme des affrontements en gravité zéro super agréables à prendre en main. On se déplace à l’aide de petits réacteurs qu’on a sur le dos et il est possible de se projeter sur n’importe quelle surface à l’aide d’un grappin. Car s’il est facile d’aligner des cibles qui lévitent dans le vide, on reste nous aussi une proie facile et il est primordial de se déplacer pour ne pas finir en cadavre flottant. Pour le reste, le jeu nous offre aussi la possibilité d’embarquer dans un vaisseau de combat pour des joutes spatiales à grands coups de blaster et autres roquettes. C’est plaisant, très arcade, un poil répétitif, mais ça a le mérite de dépayser entre deux phases de jeu traditionnelles. Chose que Call of Duty c’était alors refusé jusque-là. Et ces bougres d’Infinity Ward ne se sont pas arrêté là pour chambouler les habitudes des joueurs puisqu’ils sont même allé jusqu’à sacrifier l’une des plus vielles spécificités de la marque : cette bonne vieille linéarité.
Liberté !
Je pensais ne jamais écrire un truc pareil à propos d’un épisode de Call of Duty, mais oui, Infinite Warfare est nettement moins linéaire que ses illustres prédécesseurs. On reste toujours callé sur des rails qui font défiler l’histoire, mais le jeu offre des zones de combat nettement moins confinées, plusieurs possibilités d’appréhender certains passages et s’est même débarrassé d’un bon gros paquet de scripts. Quitte à en perdre en intensité. Mais ce qui choque le plus dans Infinite Warfare, c’est la possibilité, par moments, de choisir ses missions sur le même modèle que Mass Effect. Des missions secondaires facultatives qui permettent surtout de prolonger la durée de vie et glaner quelques perks et fonctionnalités pour ses armes. Du matos toujours aussi agréable à utiliser même si je trouve le temps de chargement incroyablement long et que certaines pétoires prennent des faux airs de jouets pour gamins. Comme d’habitude, on trouve son bonheur tous les trois mètres sur le sol et il est possible de scanner les nouvelles armes qu’on utilise pour les retrouver un peu plus tard dans l’armurerie du vaisseau. De quoi ravir les amateurs de balistique. Côté gadgets, le jeu offre pas mal de choses intéressantes comme des grenades anti gravités qui créent une perturbation sur un rayon de trois ou quatre mètres pour faire flotter la bidasse adverse dans les airs. C’est super efficace, mais ma préférence va tout de même aux grenades électriques, aux drones et au système de piratage qui permet de contrôler un robot adverse à distance pour dézinguer le maximum d’ennemis dans son camp avant de le faire exploser. De ce côté-là, Call of Duty Infinite Warfare ne déçoit pas et offre des sensations de jeu globalement très bonnes. Pourtant, au fil des missions et des sorties dans l’espace, on sent bien que quelque chose cloche. La magie a disparu.
Perdu dans l’espace
Si les ventes de la première semaine l’ont définitivement prouvé, Infinite Warfare est une preuve supplémentaire comme quoi la magie de Call of Duty n’est plus. Et malgré l’arrivée de nouveautés de gameplay et cette volonté de casser la linéarité de la campagne, on sent bien que le jeu tourne en rond sans vraiment savoir où se poser. Les phases les plus originales et intéressantes à jouer sont beaucoup trop courtes, le jet pack est à peine sollicité et quand le jeu s’embarque dans du COD pur et dure, c’est fait de façon classique, sans surprise et de fait, sans saveur. Si les derniers COD en date reposaient grosso modo sur un même schéma vieux de dix ans, le rythme et le spectacle faisaient qu’on passait tout de même un très bon moment. Un peu comme un gros blockbuster qu’on se fait sans déplaisir un samedi soir emmitouflé dans un plaid avec la boisson et les petits bonbons qui vont avec. Ici, on sent clairement que le jeu a le cul coincé entre deux chaises et ne sait pas trop où donner de la tête. Les nouveautés ne sont pas assez exploitées et il n’y a plus ce sens du rythme pour les phases de jeu « classiques ». Même si on a tout de même droit à quelques scènes assez folles comme l’attaque de Genève en début de jeu.
Et le multi ?
Je n’ai pas honte de le dire, et je l’assume même à 200%, mais je fais partie de cette race de joueurs qui n’achète ou ne joue à Call of Duty que pour son solo. Ne me demandez pas pourquoi, mais après avoir passé des heures et des heures sur le multi de Modern Warfare, je ne me suis contenté que des solos depuis. Ce qui ne m’empêche pas pour autant de gouter aux joies du mutli chaque année le temps de quelques parties. Histoire de ne pas mourir trop con. Et cette année, je pense ne choquer personne en affirmant qu’il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil. Si l’on met de côté la possibilité de customiser la « carrure » de son perso qui influe sur son déplacement et sa vitesse, on reste grosso merdo sur la même chose que Black OPS 3. Mêmes modes (à quelques différences près), même feeling et mêmes sensations de jeu sont au rendez-vous. On sent clairement qu’Activision et Infinity Ward n’ont pas souhaité prendre de risque et ils n’ont fait que servir le même repas à une horde de joueurs qui demandaient peut-être un peu plus que ça. Par contre, même si le système reste le même, j’ai un eu un gros coup de cœur pour le mode zombies. Il est une nouvelle fois question de résister à des vagues de zombies successives, mais ça se passe dans un parc d’attractions des années 80 avec la bande-son de l’époque. Et je ne sais pas pour vous, mais flinguer des zombies à la pelle avec The Final Countdown en fond m’a carrément fait tripper. Mais là, c’est le trentenaire nostalgique d’une époque qui vous en parle. Ça doit forcément jouer….
Call of Duty Infinite Warfare est loin d’être un mauvais jeu, mais il restera dans l’histoire de la licence comme un simple épisode de plus. On sent bien la volonté d’Infinity Ward de revoir sa formule, mais ils n’ont pas eu le courage (ou l’autorisation) d’aller au bout des choses. On se retrouve au final avec un jeu bancal qui propose un solo qui ne sait pas trop où donner de la tête et un mode multi recyclé du dernier épisode. De quoi parfaitement convenir à un amateur de FPS qui passerait par-là, mais pas sûr que le fan de la première heure voit les choses du même œil.
J’y ai joué sur PS4 à partir d’une version fournie par l’éditeur